mercredi 30 septembre 2015

L'Hospitalité transcende les cultures et les traditions

Frère ELVIS DO ROSARIO
Timor Oriental
Lorsque les Frères de Saint Jean de Dieu sont arrivés au Timor Oriental et dans le village montagneux de Laclubar éloigné de tout, ils ont apporté une nouvelle forme d’hospitalité dans ce pays. 

Expérimenter l’hospitalité selon le style de saint Jean de Dieu a été une découverte importante pour la population. Nous avons d’abord pu constater à quel point le dévouement et le service dans l’hospitalité unissaient les deux premiers frères qui sont arrivés chez nous, le Frère Vitor et le Frère José Antonio. Ils ont commencé tout simplement avec fort peu de ressources. Ils se sont employés à continuer la mission de guérison de Jésus en se mettant au service des pauvres et des malades à la manière de saint Jean de Dieu. 

Au cours de leurs visites aux familles dans les villages de la région de Laclubar, ils ont découvert les vrais besoins de la population. Ils ont commencé à créer un dispensaire pour des malades atteints de tuberculose. Ils ont aussi repéré les familles dont un membre souffrait d’une maladie mentale. Ils leur rendaient visite et leur donnaient des conseils. Ils ont construit plus tard une résidence pouvant accueillir des malades mentaux quand leur condition le demandait. J’ai été attiré par l’esprit et l’activité des frères et de leurs collaborateurs et j’ai donc décidé d’entrer dans l’Ordre. 

Pendant mon noviciat au Brésil, je me suis rendu compte que même dans une culture et tradition fort différentes l’hospitalité de saint Jean de Dieu recherche toujours le même but : promouvoir la dignité et la valeur de chaque personne comme créée à l’image et ressemblance de Dieu.

mardi 29 septembre 2015

Personne ne peut retirer ce que l'on donne

CARLOS BENSENY LORENZO
Espagne
Je travaille depuis quatre ans dans une œuvre de l’Ordre où je m’occupe de patients atteints de handicap intellectuel ou de maladie mentale. Aujourd’hui plus que jamais, je suis très satisfait de mon travail et fier d’avoir été invité à accomplir cette mission. 

Et ce, pour différentes raisons, dont la plus importante est la possibilité qui m’est offerte de pouvoir aider mon prochain, une capacité que tous les hommes possèdent.

J’ai pu constater que cette aide est réciproque : se dépenser pour nos semblables est gratifiant tant pour celui qui reçoit que pour celui qui donne.

Cette gratification est à l’origine de ma curiosité pour la vie et les œuvres de Juan Ciudad, dont j’ai toujours été très admiratif. Une admiration qui augmente au fur et à mesure que je connais d’autres œuvres ou entités de l’Ordre hospitalier. 

Je suis d’autant plus étonné que ce grand réseau d’aide aux personnes les plus vulnérables transcende les barrières linguistiques ou culturelles.

Dans mon parcours, bref mais intense, j’ai pu comprendre et expérimenter que la solidité de l’Ordre repose sur des valeurs, avant tout celle de l’hospitalité. En effet, Jean de Dieu accueillait dans son hôpital gratuitement n’importe quel « étranger » avec responsabilité et respect, en veillant à ce qu’il reçoive des soins de qualité et une attention spirituelle auxquels tout être humain a droit.
  
Je suis heureux d’avoir croisé le chemin de Jean de Dieu à un moment où j’avais besoin de me réconcilier avec la vie. Je suis fier de suivre son exemple généreux, car en aidant les autres on s’aide soi-même : personne ne peut te retirer ce que tu donnes.  

lundi 28 septembre 2015

La vocation religieuse est un appel à la rencontre

Frère ŁUKASZ DMOWSKI
Pologne
J'appartiens à l'Ordre des frères de saint Jean de Dieu depuis 9 ans. J'étais déjà médecin, je voulais exploiter mes compétences et apprendre à servir au mieux les malades en tant que religieux. Pendant mon postulat, je me suis rendu compte qu'une partie de mes motivations et perceptions concernant ma vie religieuse n'étaient pas authentiques. J'ai découvert que personne ne pouvait m'apporter une "recette toute faite" sur la manière de me comporter dans des situations spécifiques, face aux nécessiteux. Ce qui me manque souvent, c'est l'exemple concret, et les obstacles sur lesquels je "trébuche" dans la vie religieuse ne sont pas des montagnes, mais des grains de sable, c'est-à-dire les petites choses. Cependant, surmonter ces petites difficultés m'apprend à persévérer et à m'améliorer progressivement. "Faites le bien, frères!", disait saint Jean de Dieu. Cette simple suggestion n'est-elle pas source d'inspiration ? Vaut-il la peine de faire autre chose dans la vie ? Mais comment est-il possible d'être un frère pour tous ? Nos Constitutions nous invitent à pleurer avec celui qui se trouve dans l’affliction et à nous réjouir avec celui qui est dans la joie. Bien que je sois formateur depuis près de deux ans, je suis encore loin d'avoir appris cela, et ce ne sera jamais possible si je ne me laisse pas guider par Dieu. 

La vie religieuse est une aventure, un aller vers l'inconnu comme "Abraham". La vie religieuse comporte des "coups de théâtre" imprévisibles et des surprises. Mais il s'agit surtout d'une aventure vécue avec un Ami, qu'il ne sera jamais possible de connaître à fond ! Cette amitié se manifeste dans la rencontre avec l'autre. La vie religieuse est considérée comme étant isolée du "monde". Cependant, dans cette vie j'ai rencontré des amis et je découvre beaucoup d'autres personnes, car la vocation d'un frère de saint Jean de Dieu est un appel à la RENCONTRE, surtout avec les malades mais qui est parfaitement sain parmi nous ?

dimanche 27 septembre 2015

Aider l'Etre Humain à rester un Etre Humain

MARIO ENRIQUE ROSERO
Colombie
Je suis membre de la famille hospitalière de saint Jean de Dieu depuis le 2 novembre 1998, pour répondre à ma vocation d’enseignement et de service. Mon travail s’adresse aux patients en long séjour et porte essentiellement sur l’activité ludique qui leur permet d’exprimer leurs sentiments, émotions et pensées, soit les trois fonctions fondamentales de tout être humain : sentir, penser, agir. Grâce au soutien des frères, nous avons mis sur pied, dès 2010, un laboratoire d’ergothérapie dont l’approche est de nature bio-psycho-sociale et spirituelle. Les patients sont motivés à faire bon usage de leur temps libre, à lire et à écrire, écartant ainsi tout danger de détérioration de la santé et de chronicisation. Ils ont la possibilité de développer leur capacité à apprendre, rechercher, communiquer, s’exprimer, écouter, innover, raisonner, explorer, expérimenter et agir en groupe. Ainsi, dans le cadre de ce laboratoire, l’accent est également mis sur l’acquisition de compétences pour la vie quotidienne. 

La direction scientifique de l’hôpital San Rafael de Pasto a donné le feu vert au lancement, en 2013, pour une enquête portant sur l’activité ludique éducative comme stratégie thérapeutique et son impact psychomoteur chez les patients psychiatriques en long séjour. La valeur de cette enquête a été reconnue par l’université Juan de Castellanos de la ville de Tunja - Zona Sur, coordonnée par M. Álvaro Miguel Morán

samedi 26 septembre 2015

La vocation religieuse est un défit dans le monde d'aujourd'hui

Frère RICHARD A. KABIA
Afrique
Ma vocation est née dans ma famille et s’est précisée au moment de recevoir le sacrement de confirmation. En effet, mes parents étant des chrétiens catholiques et ils m’ont élevé dans leur foi.
J’ai découvert ma vocation d’hospitalier au lycée car j’y avais un ami, Christopher M. Kamara qui aspirait à devenir un religieux-frère et qui m’a invité à une réunion pour les futurs candidats. J’y suis allé et j’ai mieux compris que cette vocation était la mienne. Le frère responsable de la pastorale des vocations de l’époque, je parle de 1984, m’a remis un formulaire à remplir pour devenir candidat. Ma demande a été acceptée et depuis j’ai participé à toutes leurs rencontres. Peu à peu, je me suis familiarisé avec la personnalité de saint Jean de Dieu au point de vouloir me joindre au groupe de ses disciples car j’ai compris que saint Jean de Dieu a vraiment fait la volonté de Dieu en prenant soin des malades et des démunis.

J’en ai été de plus en plus convaincu pendant les premières étapes de ma formation, le postulat, que j’ai fait au Sénégal pendant deux ans. Je suis ensuite entré au noviciat au Togo et j’y suis resté également deux ans. Pendant ces étapes de la formation, j’ai découvert beaucoup de choses sur la vie religieuse et les autres aspects d’une vocation dans l’hospitalité. Être accepté au noviciat a représenté un défi pour moi. En effet devenir un religieux exige de nombreux sacrifices. Je pense à tous les sacrifices et aux multiples difficultés que Jean de Dieu a rencontré avant de découvrir sa vocation et de commencer son œuvre à Grenade, en Espagne, avec l’aide de Dieu. La vie de cet homme exceptionnel m’a fortement motivé pour découvrir que ma vocation était d’entrer dans l’Ordre Hospitalier des Frères de Saint Jean de Dieu.

Cette vocation demeure un défi pour moi car le monde d’aujourd’hui est rempli de tentations. La seule manière d'y résister est la prière et un travail intense. Maintenant que je suis scolastique, je me rends compte que je dois renoncer au matérialisme de notre société pour me donner totalement au service de ceux qui sont dans le besoin, les pauvres et les malades, comme l’a fait saint Jean de Dieu.
Je confie tout cela à la Vierge Marie et au Saint-Esprit et leur demande de m’aider à découvrir chaque jour davantage la richesse de ma vocation et d’y rester fidèle jusqu’à mon dernier jour. Une vocation est un appel de Dieu et chacun de nous doit en rendre compte.

vendredi 25 septembre 2015

L'Hospitalité concerne aussi bien les malades que le personnel

CHIARA CAPRINI
Italie
Octobre 1983, j'ai rendez-vous avec un certain Père Marchesi (je découvrirai plus tard qu'il est supérieur général et que, dans le cadre du processus d'humanisation, il souhaite renforcer et diversifier la présence des assistants sociaux à l'Île sur le Tibre). 

Je suis avec une collègue qui vient elle aussi d'être recrutée. Le supérieur nous invite à soutenir ce parcours de renouvellement pour l'Ordre et pour l'hôpital. 

La rencontre apporte une première réponse à mes "pourquoi", surtout la raison pour laquelle j'ai décidé de quitter le service psychiatrique, tout proche de chez moi, où j'avais travaillé pendant six ans à la réinsertion à domicile de malades psychiatriques suite à la fermeture de l'hôpital psychiatrique de Rome : un travail passionnant dans une belle équipe, fait de visites à domicile, de rencontres avec les familles. Inconsciemment, je recherche un travail avec lequel je me sens en harmonie.  

Je le comprends lors de mon entretien avec le Père Marchesi et mes contacts avec le Frère Ramon Ferrerò (directeur sanitaire) à propos du travail du service social qui se développe à l'hôpital. Quelques années plus tard, la rencontre avec le Frère Marco me fait comprendre définitivement ce que j'ai toujours su, mais que je n'ai jamais pratiqué comme je l'aurais voulu. L'Hospitalité concerne tout le monde : les personnels et les malades, tout ce qui se passe à l'hôpital et ailleurs, les riches et les pauvres, les grands et les petits. Je reconsidère les principes, valeurs, techniques du service social; je comprends que fond et forme peuvent s'accorder tout comme le charisme de l’Ordre est un gouvernail pour ma profession. Aujourd'hui, je réfléchis à ma vie/travail à l'hôpital, aux rencontres avec les malades et les autres agents de santé. J'espère que ceux que je croise ressentent mon adhésion aux  valeurs de l’Ordre.

jeudi 24 septembre 2015

Etre Heureux est signe d'une bonne vocation

Frère COSME DOS SANTOS
Brésil
J’ai grandi dans une petite ville, Divina Pastora, dans l’Etat de Sergipe au Brésil, où j’ai vécu jusqu’à l’âge de 24 ans. J’étais enseignant à l’école primaire, où je tenais des cours d’alphabétisation, avant d’entrer au postulat de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu à Sao Paulo.  

Après ma première communion, je me suis engagé résolument dans la vie de la paroisse : je faisais partie d’un groupe de jeunes, j’étais enfant de chœur, puis catéchiste et collaborais à la pastorale des enfants à risque de malnutrition.

J’ai connu l’Ordre Hospitalier quand j’avais vingt ans en lisant un encart du magazine « Famille chrétienne » des Sœurs Pauliniennes consacré aux vocations.   
J’ai fait mon noviciat au Pérou, avant que celui-ci ne soit transféré en Colombie. J’ai fait ma profession religieuse en 2009. Dès mon retour au Brésil, j’ai été chargé de participer à la formation des candidats à Sao Paulo, de 2009 à 2010.

Aujourd’hui, je suis un frère scholastique. Je suis en train d’achever un cours de théologie et en même temps je collabore à la promotion des vocations. Je consacre quatre heures par jour aux patients de l’hôpital psychiatrique Saint Jean de Dieu, où j’organise des ateliers de travail artisanal.  
Comme l’a écrit le Père Zezinho, une « bonne vocation » est synonyme d’un «avenir heureux».

mercredi 23 septembre 2015

En donnant sa vie au Christ,Il ne faut pas avoir peur de l'avenir. Il faut avoir confiance en lui

Frère LADISLAV
République Tchèque
Il y a longtemps, alors que j'étais encore jeune, Dieu m’a dit un jour : „Suis-moi !“ J'ai répondu: „Oui, Seigneur, mais qu'adviendra-t-il de mes parents ?“. „Ne t'inquiète pas pour cela“, m'a-t-il dit. „Suis-moi !“

À l'époque du national-socialisme, j'ai dû travailler dans un camp de travaux forcés à Wroclaw, où l'on construisait des avions. C'est là que j'ai rencontré pour la première fois les frères de saint Jean de Dieu. Après la deuxième guerre mondiale, j'ai frappé à la porte du couvent de Prague. Les frères m'ont accueilli et introduit dans la vie religieuse. Là, ils m'ont appris à m'occuper des personnes âgées, des malades et des nécessiteux, qui étaient hébergés à l'époque dans la salle des malades de Prague.

L'hôpital était récent et moderne. Pour pouvoir y travailler, j'ai dû suivre l'école de soins infirmiers. Après avoir obtenu mon diplôme, j'ai surtout travaillé en salle d'opération en tant qu'instrumentiste. Je m'occupais également de l'anesthésie. Mais j’ai toujours trouvé le temps de m’occuper des patients âgés hospitalisés.

Ma joie fut cependant de courte durée: En 1948, tous les hôpitaux furent nationalisés et pour nous, les religieux, il fut brusquement interdit de travailler auprès des malades.

En 1960, nous dûmes quitter Prague et aller là où nous l'ordonnait le régime communiste. Pour moi, ainsi que pour quelques frères, ce fut le couvent des bénédictines de Broumov. C'était un grand bâtiment, où il y a avait également des religieuses. Elles travaillaient dans une fabrique de textiles; je m'occupais de l'entrepôt et de la réparation des machines à coudre. Nous étions entre 300 et 400 et étions sous le contrôle de la police.

En 1968, je pus aller à Brno et y habiter dans notre couvent. Je m'y occupais des patients âgés.
Je voudrais dire aux jeunes qu'ils ne doivent absolument pas avoir peur de l'avenir s'ils donnent leur vie au Christ et ont confiance en lui. J'ai été optimiste toute ma vie, parce que je savais que Dieu était présent lors de toutes mes décisions.

En 2010, Fr. Ladislav a reçu le prix „Celestyn Opitz“ pour son long engagement auprès des nécessiteux. En 2013, il a reçu le prix pour la reconstruction du premier hôpital religieux à Vizovice.

mardi 22 septembre 2015

Etre attentif au bien-être de l'ensemble des collaborateurs

ELBA TAMEZ
Bolivie
Depuis plus de vingt ans je suis psychologue clinicienne, une spécialisation que j’ai pu obtenir grâce à la collaboration des Frères de saint Jean de Dieu. Dans le cadre de mes fonctions, je m’occupe de psycho-diagnostic, de psychothérapie et de recherche. A l’heure actuelle, je collabore avec l’unité chargée de la dépendance aux médicaments et je suis membre du comité de recherche et d’enseignement de l’œuvre.

Je suis également responsable des ressources humaines à mi-temps, grâce à ma formation en psychologie du travail, un domaine que je connaissais très peu. Je m’efforce de réaliser mon travail au mieux et de veiller à ce que le personnel traite nos patients avec humanité et respect. Par ailleurs, j’estime que si les membres du personnel sont satisfaits des conditions de travail, s’ils ont une vie émotionnelle stable et sont capables d’interagir entre eux, cela ne pourra que s’avérer bénéfique pour la santé de nos patients. C’est pourquoi dans la phase du diagnostic, je m’efforce d’utiliser une communication positive avec le personnel. En lien avec les services de sécurité sociale, je contrôle l’état de santé des salariés ; je réalise des activités de danse-thérapie et de physiothérapie ; j’organise des balades pour faire baisser leur stress chronique. Je suis donc chargée de la santé physique, psychique, spirituelle et sociale de notre personnel.   

lundi 21 septembre 2015

Malgré les difficultés, il faut rester fidèle à sa vocation avec la force de Dieu

Frère Pierre HOANG TRUNG HIEN
Vietnam
Je m’appelle Peter. Je suis né et j’ai grandi dans un quartier pauvre. La seule vie que je connaissais était celle d’un ouvrier agricole. Mais ce type de vie a offert beaucoup de moines et de prêtres à l’Église. Un de mes cousins est membre de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu et il m’a beaucoup parlé de l’esprit et de la mission de son Institut. J’ai appris que la spiritualité de l’Ordre et de son fondateur se fonde sur un appel de Dieu. 

Ceux qui sont appelés sont invités à collaborer avec Jésus à manifester le royaume de Dieu aux pauvres et aux malades. Je suis naturellement en empathie avec ceux qui souffrent et laissés-pour-compte et je suis profondément ému par leurs souffrances. Il n’est pas étonnant dès lors que la spiritualité de l’Ordre m’ait fasciné et ait éveillé en moi le désir de consacrer ma vie pour aider les défavorisé qui n’ont aucun espoir de vie meilleure. En entrant dans la communauté et en participant à la vie des frères, je me suis heurté à de nombreuses difficultés au point que par moments j’étais prêt à renoncer à ma vocation. Toutefois, grâce à l’aide de Dieu je les ai surmontées et ai pu traverser ces moments de tempête. Je ne souhaite qu’une seule chose maintenant, à savoir, demeurer fidèle à ma vocation d’hospitalité et me dévouer pour soulager la peine et la souffrance des malheureux.

dimanche 20 septembre 2015

Vivre l'Hospitalité de manière cohérente

Frère VÍTOR LAMEIRAS
Portugal
J’ai rencontré les Frères de Saint Jean de Dieu à l’âge de 17 ans, lors d’un camp d’été. C’était ma première expérience avec le monde de la santé mentale. C’est également à ce moment que j’ai commencé à sentir que Dieu était plus proche et omniprésent, bien au-delà de ce que j’imaginais jusqu’à ce moment. L’année suivante, je suis devenu membre du mouvement Juventude Hospitaleira (Jeunesse hospitalière), et j’ai entrepris un cheminement de formation chrétienne et hospitalière qui m’a conduit au Mozambique en qualité de laïc missionnaire hospitalier de janvier 1995 à  juin 1997.
L’expérience faite au Mozambique m’a permis d’approfondir mon discernement vocationnel qui s’est conclu par la décision de consacrer ma vie à Dieu dans l’Ordre Hospitalier des Frères de Saint Jean de Dieu. Après le postulat, je suis entré au noviciat interprovincial des Provinces d’Espagne et du Portugal. Le 12 septembre 1999, j’ai prononcé mes premiers vœux.

Depuis que j’étais enfant, je voulais devenir missionnaire et l’expérience du Mozambique m’a confirmé dans cette vocation de me mettre au service des autres dans des zones de frontières pour partager la vie de ceux qui vivent en marge de la société. Pour moi, cela représentait à la fois un défi et un impératif évangélique. 

Je me suis toujours efforcé de vivre ma vocation de frère hospitalier de manière cohérente et je peux affirmer qu’aujourd’hui je me sens épanoui et réalisé, tant pour ce que j’ai fait dans le passé, comme au Timor oriental où j’ai vécu pendant dix ans, de 2004 à 2014, et où j’ai eu le privilège d’exercer l’hospitalité dans une nouvelle réalité culturelle, que comme supérieur de la Province du Portugal, et des Délégations du Brésil et du Timor oriental, que  les frères, réunis en chapitre, m’ont demandé d’assumer.


samedi 19 septembre 2015

L'Hospitalité, une valeur ajoutée au professionalisme

ROBERT BUDER
Autriche
Les compétences professionnelles sont essentielles pour toute personne travaillant dans un hôpital, quel que soit son rôle. Mais vivre et faire vivre l'hospitalité apporte une valeur ajoutée. Le travail quotidien, qui à l'époque de saint Jean de Dieu était déjà fait de beaucoup de soucis et de routine, est aujourd'hui encore la somme de nombreux petits gestes et actes qui semblent aller de soi : voir d'abord la personne, puis la maladie; avoir un contact chaleureux, lire la demande d'aide dans le regard de l'autre; communiquer entre égaux,... tous ces détails, ces petits gestes créent une ambiance positive.

Ce qui est beau, c'est que cela se passe tous les jours, sous différentes formes: nous nous dévouons pour les patients de manière spontanée, inconsciente, instinctive. Nous prenons soin de lui, le prenons en charge. L'hospitalité pour nous signifie être conscient à tout moment que c'est moi, en tant que personne, qui suis en face du patient, et pas une institution anonyme. Il s'agit toujours d'une rencontre entre deux êtres humains, et chacun est unique.

Le résultat est double, comme le disent les Constitutions de l'Ordre des frères de saint Jean de Dieu: „Nous accroissons la fécondité de notre service apostolique: ... dans la communion avec ceux qui souffrent, conscients que notre amour miséricordieux à leur égard n'est jamais un don unilatéral: lorsque nous servons les malades, c'est un bienfait pour nous aussi“.

vendredi 18 septembre 2015

Mettre ses compétences professionnelles au service de celui qui souffre

ALVARO PANTOJA CIFUENTES
Colombie
Je suis moniteur d’éducation physique à la clinique Saint Jean de Dieu de Manizales. Cette expérience s’est avérée très enrichissante sur le plan humain. J’ai commencé à découvrir la philosophie, les principes et les valeurs de l’Ordre hospitalier, qui sont devenus les fondements de ma vie. Ces valeurs ont aiguisé ma sensibilité face aux situations de détresse des personnes accueillies. Leurs difficultés affectent l’ensemble de la Famille hospitalière de saint Jean de Dieu. 

L’hospitalité vécue dans l’accueil, l’inclusion et la reconnaissance de l’autre m’a montré la présence de Jésus et m’a amené à réfléchir sur l’accompagnement et l’aide que l’on peut offrir en exerçant sa profession avec compétence. Celle-ci doit aller de pair avec un véritable engagement social, ainsi qu’avec un soutien spirituel et humain qui transcende le savoir-faire professionnel. Une profession se transforme ainsi en authentique projet de vie, dont le but est de rendre sa dignité à la personne en pratiquant le charisme de l’hospitalité selon le style de saint Jean de Dieu.

Je manifeste qui je suis et ce qui habite au fond de mon âme en faisant preuve d’hospitalité. Cela donne un sens et un fondement à mon travail. Retrouver la valeur des choses simples a été mon point de départ. Offrir un sourire et des mots d’encouragement, servir avec amour, donner des conseils, être à l’écoute de ceux qui en ont besoin, autant d’attitudes qui ont radicalement changé ma vie. Être en contact avec les patients, communiquer avec eux, exprimer les sentiments et les émotions renforce mon projet de vie personnelle et professionnelle. Mon travail est une bénédiction qui me permet de tendre, avec la communauté hospitalière, vers l’idéal de l’amour universel du Christ qui n’exclut personne :   « Progresser sans cesse pour servir toujours mieux ; faire le bien et bien le faire ».

jeudi 17 septembre 2015

Toute personne est sujet d'une histoire qui vaut d'être vécue

CARLA MERLI
Province Romaine
Je m'appelle Carla, j'ai 24 ans et je viens de Sicile. J'ai participé deux fois à l'expérience de service auprès de l'Institut saint Jean de Dieu de Genzano de Rome en tant que membre du groupe des jeunes de ma paroisse. La première fois j'y suis allée avec une grande envie de me mettre à l'épreuve mêlée à une certaine crainte car je ne savais pas très bien à quoi m'attendre.

Une fois arrivée au centre, j'ai eu l'impression d'être sur une autre planète. Frère Massimo Scribano nous a expliqué la situation et nous a présenté les résidents : essentiellement des personnes entre deux âges et seulement quelques jeunes qui y recevaient une assistance et suivaient une réhabilitation psychiatrique.

Ils avaient l'air bizarre, étaient en sueur, ont tout de suite essayé de se jeter dans nos bras comme si nous nous connaissions depuis toujours : nous avons été surpris, nous nous sentions déplacés.
Lentement, grâce à la simplicité et à la joie de vivre de Franco, Angelo, Marco, Tiziano et tous les autres, nous nous sommes habitués à leur état, n'y faisant plus attention, ne voyant plus que l'affection qu'ils voulaient donner et recevoir.

Nos rapports sont devenus plus étroits grâce aux activités quotidiennes que les résidents partageaient avec nous : asinothérapie, jardinage, jeu de boules, atelier de peinture.

Une expérience de service accompagnée de moments forts d'adoration et de réflexion, qui m'a appris à ne pas m'arrêter aux apparences mais à toujours regarder plus loin : chacun de nous a une histoire qui mérite d'être écoutée et une vie qui vaut la peine d'être vécue.



mercredi 16 septembre 2015

L'Hospitalité est, rencontre avec les frères de la communauté

Frère TYMOTEUSZ HOŁOZUBIEC
Pologne
Quand je pense à l'hospitalité, je vois la mission à laquelle Dieu m'a appelé depuis longtemps pour suivre son exemple et m'incliner devant les malades et les pauvres. L'hospitalité a pour moi une valeur immense - elle signifie se consacrer au service exclusif de Dieu et à la découverte de la souffrance du Christ chez les nécessiteux qui recherchent assistance dans nos œuvres. Dans l'esprit du vœu d'hospitalité, que j'offre à Dieu lui-même, je ressens Sa grande miséricorde, qui prodigue des dons à ceux qui lui consacrent leur propre vie en entrant dans l'Ordre pour servir "les plus petits", toujours, sans limite et avec un dévouement extrême. L'hospitalité est pour moi une rencontre, une vie en communion avec mes frères au sein de la communauté religieuse, où nous sommes unis par le charisme et l'esprit de prière. Il s'agit aussi d'œuvrer sans cesse avec nos collaborateurs à une hospitalité empreinte de professionnalisme, de dévouement et de courage pour offrir aux malades soins et assistance selon le style de saint Jean de Dieu. Enfin, l'hospitalité est pour moi une rencontre directe avec les patients de l'œuvre au sein de laquelle j'effectue mon service, en partageant leurs préoccupations, en les servant de manière désintéressée, en ayant toujours le regard tourné vers la Divine Miséricorde.

mardi 15 septembre 2015

Chaque mission d'd'hospitalité enrichie pour les suivantes

Frère KEVIN  LAWSON
Nouvelle Zélande
Je m’appelle Frère Kevin Lawson et suis membre de l’Ordre dans la Province d’Océanie depuis 1972. J’habite à Christchurch, Nouvelle Zélande. Avant d’entrer dans l’Ordre, j’étais un infirmier psychiatrique. Après ma formation initiale, j’ai fait une formation pour travailler comme infirmier dans les hôpitaux généraux. L’Ordre m’a demandé alors de commencer une fondation médicale en Papouasie Nouvelle-Guinée. Nous y avons créé un dispensaire avec des antennes dans les villages proches. En 1980, j’ai fait ma profession solennelle et j’ai commencé à travailler comme formateur en Australie et en Papouasie Nouvelle-Guinée pendant douze ans. En 1992, j’ai repris mon travail d’infirmier pendant six ans avant d’être à nouveau envoyé en Papouasie Nouvelle-Guinée comme formateur des scolastiques. En 2004, je suis retourné à Sidney pour travailler avec les laissés-pour-compte de la société et les marginalisés de cette ville. Après une année sabbatique en 2007, j’ai travaillé comme infirmier diplômé dans notre hôpital de Christchurch pendant ces quatre dernières années. Quand je regarde en arrière, je constate que mes différentes expériences et apostolats d’hospitalier ont constitué une trame qui d’une certaine manière m’a préparé pour une nouvelle hospitalité. À Christchurch, Nouvelle Zélande, j’assume un ministère avec le Frère Stephen Coakley dans notre communauté locale : nous voulons être ouverts aux besoins de cette communauté en visitant les personnes âgées et vulnérables, en travaillant avec la Société de Saint Vincent de Paul et en étant des bénévoles de la paroisse et de la Croix Rouge locale.

lundi 14 septembre 2015

L'Hospitalité sur les cinq continents pour améliorer la vie de milliers de personnes

Frère VINCENT KOCHAMKUNNEL
Inde
Au moment de rédiger ce témoignage, j’étudie à l’Institut Catholique de Sydney en Australie, pour obtenir une licence en théologie. Cette période d’études correspond pour moi à une période sabbatique après avoir servi pendant deux mandats comme conseiller général de l‘Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu. Lorsque je suis entré dans l’Ordre, il y a de nombreuses années, je croyais que j’allais vivre ma vocation hospitalière dans des services de ce qui est devenu maintenant la Province de l’Inde de l’Ordre. Avec cela en tête, je suis parti en Autriche pour faire des études d’infirmier professionnel. Rentré en Inde, on m’a chargé de plusieurs responsabilités au niveau de la direction de notre communauté. En l’an 2000, j’ai été élu conseiller général et,à ce titre, j’ai collaboré avec deux supérieurs généraux : le Frère Pascal Piles et le Frère Donatus Forkan. Dans ces quelques lignes je voudrais vous faire part de ce que j’ai pu constater au cours de mes visites dans les diverses régions où l’Ordre est présent. L’hospitalité dont les frères et les collaborateurs font preuve a amélioré l’existence de milliers de personnes pauvres, malades et abandonnées à leur sort. Les services offerts par l’Ordre couvrent un large éventail d’activités : hôpital général, résidences pour malades chroniques, hôpitaux psychiatriques, centres pour handicapés, petits dispensaires dans les régions rurales et à l’écart de tout.

dimanche 13 septembre 2015

Religieux pour secourir les malades

Frère MORRIS BENDOE
Afrique
J’ai découvert ma vocation tout jeune, quand j’allais à l’école tenue par les Sœurs de la Charité (la congrégation de Mère Teresa de Calcutta). Lorsque j’étais étudiant, j’allais chaque week-end et pendant les vacances les aider pour distribuer des vivres et secourir les malades en leur donnant à manger ou en aidant ceux qui en étaient incapables, à faire leur toilette. Je les accompagnais souvent lorsqu’elles se rendaient dans leur dispensaire dans la brousse et les aidais à prendre soin des malades et des démunis.

Je ne peux pas affirmer que j’aimais particulièrement être avec elles, mais j’étais touché par leur sollicitude envers les pauvres et les malades et par leur vie communautaire. Et lorsque j’ai terminé mon lycée, j’ai dit à la supérieure que j’étais attiré par la vie religieuse. Elle a tenté de me faire entrer dans la branche masculine de sa congrégation mais sans succès.

Les sœurs m’ont alors fait connaître l’Ordre Hospitalier des Frères de Saint Jean de Dieu à l’hôpital catholique de Saint Joseph à Monrovia. J’y ai été envoyé par les sœurs de Harper dans le diocèse de Cape Palmas. J’ai été présenté au Frère Miguel Pajares et ai été accepté comme candidat et depuis je suis l’itinéraire de formation de l’Ordre : deux années de postulat au Sénégal, deux années de noviciat au Togo et maintenant le scolasticat à Nairobi, au Kenya.

samedi 12 septembre 2015

« L'hospitalité doit être contaminante parce qu’elle est communicante »

Communiquer n'est pas une tâche aisée dans une institution où la souffrance est notre quotidien. Comment « vendre » la maladie, la précarité, le handicap ?... Et pourtant, n’y a-t-il pas plus beau message à transmettre que celui que nous vivons à Saint Jean de Dieu ? Dans un monde où tout semble aller de travers, où les plus faibles sont trop souvent les perdants, l’exemple des Frères de Saint Jean de Dieu est plus que jamais un remède à cette morosité ambiante. Au moment d’écrire ce témoignage, on suit avec appréhension les nouvelles venant de nos Frères d’Afrique de l’Ouest, où le virus Ebola fait rage. Les informations qui nous arrivent sont désespérantes : des milliers de morts, des populations angoissées, des hôpitaux débordés, etc. Au milieu de tout cela, nous avons appris le décès des 4 Frères hospitaliers, qui nous a, dans un premier temps, tous bouleversés. Comment communiquer l’espérance quand même ceux qui sont « au front » n’y arrivent plus ? Quand on se retrouve, impuissant, dans notre confort qui ne nous semble jamais suffisant ? C’est alors que m’est revenue l’histoire de saint Jean de Dieu qui, alors qu’il agonisait sur son lit, a trouvé la force surhumaine pour se lever et aller détacher dans un jardin un malheureux qui se pendait. Saint Jean de Dieu nous dit, à travers ce geste ultime, que la vie est le don le plus précieux. Que l’amour est la seule réponse à toute puissance du mal. C’est ce que nous disent ces Frères et collaborateurs décédés en Afrique, ces saints et bienheureux de l’Ordre et tous ceux dont on ne parle pas mais qui ont suivi l’exemple de Juan Ciudad ces 450 dernières années. Face au désespoir, la communication de ces témoignages redonne force et courage. Elle fait briller une petite flamme, comme une lumière qui nous rappelle que dans toute situation, même la plus sombre, l’espérance nous permettra toujours de mettre toute notre énergie à dépasser nos limites, à vaincre le fatalisme et à nous mobiliser en nous rappelant l’exemple de tous ceux qui nous précèdent.

Communiquer sur la souffrance n’est en effet pas une tâche aisée. Mais communiquer sur cette espérance qui nous anime, là se trouve le secret d’un bon scoop ! Finalement, à Saint Jean de Dieu, j’ai appris que la plus belle des communications ne passe pas par de grands discours, mais bien à travers les regards, les sourires, les gestes de tendresses... qui n'ont plus qu'à faire le buzz pour partager au monde entier l’espérance qui nous habite !

vendredi 11 septembre 2015

Il était une fois, par une nuit glaciale...

Frère THOMAS VÄTH
Allemagne
C'était une nuit d'hiver glaciale en janvier 2007, la rue devant notre maison était pleine de neige. C'était quelques jours avant mon entrée dans l'Ordre des frères de saint Jean de Dieu et je dormais, comme à mon habitude, avec la fenêtre légèrement ouverte. Au milieu de la nuit, je me réveille et j'entends une voix faible, implorante: "Sainte Marie, viens-moi en aide. Pourquoi personne ne vient-il à mon secours?" Je me lève et regarde par la fenêtre. Dehors, je vois une ombre courbée dans la pâle lumière d'un réverbère et entends de nouveau la faible plainte. J'ouvre la porte et m'adresse à l'ombre. C'est une vieille femme complètement désorientée qui s'est perdue et marche dans la neige en chemise de nuit, les pieds nus dans des sandales. Je la fais entrer, lui prépare un thé chaud, l'enroule dans des couvertures et essaie d'engager la conversation. Ayant pris un peu confiance en moi, cette femme souffrant visiblement de démence m'indique son nom et l'endroit où elle habite. Cette maison avait cependant été détruite des années auparavant. Je ne trouve pas son nom dans l'annuaire et finis par appeler la police, qui parvient à trouver la fille de cette vieille dame. Peu de temps après, celle-ci vient chercher sa mère, qui s'était échappée par une fenêtre avant d'errer dans les rues de la ville. Au moment de sortir dans la froide nuit d'hiver, la vieille dame dit à sa fille: "C'était une belle soirée. Nous pourrions peut-être nous aussi inviter un jour ce jeune homme."

jeudi 10 septembre 2015

Transmettre aux générations futures le charisme d'Hospitalité

CLAUDIA ELENA VANEGAS BEJARANO
Colombie
Je suis arrivée à la clinique Saint Raphaël de Bogotá pour y effectuer mon année de stage d’infirmière en avril 1990. C’est ainsi que j’ai commencé à connaître la vie et les œuvres de saint Jean de Dieu, dont j’ai entièrement embrassé l’idéal. J’étais chargée des soins aux personnes âgées et aux malades souffrant d’insuffisance rénale chronique. Leurs histoires personnelles ont renforcé ma sensibilité envers les personnes qui souffrent. 

L’enseignement ayant toujours fait partie de mon projet de vie, à l’issue de mon stage je suis entrée à l’Ecole Saint Raphaël de Bogotá, où j’ai eu la chance d’enseigner à 300 étudiants. Ce fut là pour moi une période d’apprentissage, de défis et d’expériences très enrichissants.

En mai 1994, j’ai eu l’opportunité de créer l’école d’infirmiers auxiliaires Saint Raphaël de La Ceja- Antioquia. Au fil du temps, ma vocation d’enseignante et d’infirmière s’est renforcée et le charisme de saint Jean de Dieu a pénétré le plus profond de  mon âme et de mon cœur. J’ai le sentiment d’appartenir à une famille, une communauté, une institution.

Après vingt ans d’enseignement, l’école me permet de continuer de grandir et de préparer les jeunes à consacrer leur vie au service des malades.

mercredi 9 septembre 2015

L'Hospitalité ouvre pour chacun un nouvel horizon

MARIA JESUS PASCUAL ESTEBAN
Espagne
« Il y a un moment pour tout et un temps pour toute chose sous le ciel. » (Eccl, 3)

Je remercie le Seigneur et saint Jean de Dieu de m’avoir donné la possibilité de connaître, d’apprécier, puis de vivre le charisme de l’hospitalité dans ma longue activité professionnelle à l’accueil de nuit Saint Jean de Dieu de Madrid. 

Pour moi ce fut un lieu privilégié, la meilleure école où la définition de l’hospitalité devenait chaque jour une réalité : « charité qui consiste à recueillir, à loger et nourrir gratuitement les indigents et les voyageurs ». Il se trouve que le voyageur n’était pas un ami ou un parent venu pour rendre visite, mais quelqu’un d’étranger qui frappait à la porte pour demander protection, un repas, un lit… Il ne possédait rien, il n’avait aucun besoin. Mais là il trouvait, servis sur un plateau, tous les ingrédients nécessaires pour prendre un excellent repas. Et en cuisine comme ailleurs, pour faire un bon repas il faut le préparer avec amour. 

J’ai vécu dans cette œuvre des expériences et des sensations nouvelles. Tout y était différent par rapport à ce que je connaissais jusque là. J’étais pris de court, je devais faire abstraction de ma logique habituelle. Plus tard, j’ai découvert la richesse et les valeurs qui existaient dans cette œuvre et je les ai assimilées petit à petit. J’ai découvert l’importance de partager tant pour ce que j’ai pu donner que pour ce que j’ai pu recevoir. 

Parvenir à découvrir que l’hospitalité dans son acception la plus large t’ouvre un nouvel horizon, où que tu te trouves, a été pour moi un grand privilège.  

mardi 8 septembre 2015

Dieu, dans son dessein sur nous, influence nos choix

Soeur SHINY ANNA JAMES
Inde
Ma vocation dans l’hospitalité a été un tournant dans ma vie voulu par Dieu. J’ai grandi dans l’État du Kerala à Kattappana dans un climat de grande intimité avec Dieu. Les biographies des saints, les paroles et gestes de mes parents ainsi que ceux de mes professeurs, de religieuses et de prêtres m’ont enseigné à ne pas porter mon regard exclusivement sur les satisfactions de ce monde. La question qui se posait pour moi n’était pas : “avec qui devrais-je passer ma vie” mais “quand et où le faire publiquement”. 

Alors que je travaillais comme infirmière à l’Hôpital Saint Jean de Dieu de Kattappana, la réponse m’est venue. Ma famille éprouvait un grand respect et estime pour le Frère Fortunatus, missionnaire de l’Ordre de Saint Jean de Dieu et qui a fait tant de bien pour les pauvres. Il a créé et administré le Pratheekshabhavan ainsi que l’hôpital. Lorsque j’ai annoncé aux membres de ma famille que je souhaitais devenir une religieuse leur réaction a d’abord été plutôt négative. Ensuite, on m’a suggéré d’envisager d’entrer chez les Sœurs de la Charité de Saint Jean de Dieu si je voulais mener une vie à l’enseigne de la compassion. Les services de nuit m’ont donné l’occasion de réfléchir davantage et de me préparer à une vie de sacrifices. Beaucoup de personnes, en particulier les frères et les sœurs ainsi que le personnel de l’hôpital m’ont encouragée à entrer chez les Sœurs de Saint Jean de Dieu. C’est ainsi que je suis devenue une postulante et ai fait ma première profession le 8 mars 2003. J’ai prononcé mes vœux perpétuels en janvier 2009. Aujourd’hui, je rends grâce à Dieu de m’avoir fait connaître le charisme de saint Jean de Dieu.

lundi 7 septembre 2015

Jésus est présent en chaque personne que nous accueillons

Frère SERAPHIM SCHORER
Allemagne
Martin, le cordonnier

Une histoire qui me vient souvent à l'esprit quand je pense à l'hospitalité est celle de Martin le cordonnier, de Léon Tolstoï. Martin est un homme pieux. Un jour, il entend une voix et comprend que c'est celle de Jésus, qui lui annonce qu'il viendra lui rendre visite dans la journée. Ce jour-là, Martin invite chez lui différentes personnes qui ont besoin de son aide, mais surtout d'un endroit pour se réchauffer. Martin est d'abord un peu nerveux, parce qu'il attend Jésus. Puis, il comprend que Jésus ne viendra pas ce jour-là. Le soir, pendant qu'il est plongé dans la prière, il entend à nouveau la voix de Jésus. Martin lui demande : Où étais-tu ? Pourquoi ne m'as-tu pas rendu visite? Jésus lui répond : J'étais là, dans toutes les personnes que tu as accueillies et aidées.

Chaque fois que nous sommes là pour les autres, le Royaume de Dieu se réalise dans le monde.
Je suis toujours profondément ému lorsque je prends conscience de cette simple vérité.

dimanche 6 septembre 2015

"N'ayez pas peur"

Frère LUIS MARZO CALVO
Espagne
Je voudrais commencer mon témoignage en rendant grâce à Dieu qui marche avec moi et m’aide à découvrir sa présence à chaque instant de ma vie.
   
Quand je réfléchis sur l’irruption de Dieu dans ma vie, je constate qu’Il a toujours été présent dans ma famille, mes amis et toutes les personnes que j’ai rencontrées.
    
Peut-être, ai-je pris davantage conscience de sa présence depuis qu’Il m’a appelé à mettre ma vie au service des plus démunis en tant que frère de saint Jean de Dieu. 
   
Consacrer ma vie au charisme de l’hospitalité m’a permis de dissiper les nuages et de découvrir de nouveaux horizons. Vivre pour Dieu et pour les autres m’a permis de sortir de moi-même pour faire place au Seigneur de la vie. 

Je suis heureux de mon travail quotidien avec les frères de la communauté, un travail qui fait partie du projet d’hospitalité mis en œuvre par tous les membres de la Famille hospitalière.
   
Dans les moments d’incertitude ou de difficulté, les paroles que Jean Paul II a prononcées dans son discours d’inauguration de son pontificat me reviennent à l’esprit : « N’ayez pas peur ».
    
Je me remets entre les mains de Celui qui un jour m’a invité à quitter la terre d’Aragon, ma patrie bien-aimée, pour être son disciple là où Il voudra m’envoyer.

samedi 5 septembre 2015

Donner aux autres c'est recevoir beaucoup plus

SEBASTIAN OLEJNICZAK
Pologne
Je suis bénévole à l'hôpital de Piaski depuis mars 2014, mais j'ai commencé en 2013 la formation pour bénévoles saint Jean de Dieu à Marysin.

J'ai donc connu la coordinatrice de ce cours, prénommée Eva. J'ai senti tout de suite que c'était une personne ouverte et bonne, et qu'il faudrait plus de personnes comme elle dans le monde. J'ai compris que le moment était venu de faire quelque chose de différent de ma vie et que je persévérerai dans ma décision. J'ai appris énormément de choses pendant le cours; chaque jour m'enseignait quelque chose de nouveau et me rendait plus fort, me permettait de découvrir le monde de l'hospitalité et de mieux me connaître moi-même. En tant que bénévole hospitalier, je me suis aussi heurté aux premières difficultés, par exemple aux problèmes de communication. Mais cela ne m'a pas découragé, au contraire, cela m'a fait comprendre que j'ai encore beaucoup à apprendre pour pouvoir accomplir au mieux ma mission. J'avais déjà été bénévole auparavant, mais de manière occasionnelle et surtout pour la collecte de fonds.

Maintenant que je connais tous les collaborateurs et bénévoles de l'hôpital, je suis content qu'il existe encore de telles personnes.

Je voudrais maintenant aborder la chose la plus importante, les patients. En écrivant ce témoignage, je me rends compte que je ne suis bénévole que depuis trois mois, mais que jamais dans ma vie je n'ai reçu en retour autant de joie et de bonheur pour une simple aide, un mot de réconfort, de consolation, pour un sourire échangé. Les paroles les plus belles du monde, "je t'aime", je les ai entendues à l'hôpital. Souvent, il suffit de rendre visite aux malades, de leur demander des nouvelles sur leur état de santé, et on reçoit beaucoup plus en échange, une histoire intéressante qui souvent contient une morale, un enseignement de vie et surtout un cœur ouvert.

Je suis ravi de ce parcours de bénévolat entrepris au sein de l'hôpital et je ne regrette absolument pas ma décision. Je vois le monde sous un angle différent et je me sens un homme meilleur.

vendredi 4 septembre 2015

La force de la mission se trouve dans la vie communautaire et la prière

Frère JUSTINE SENGEH
Afrique
Toute vocation est un appel personnel de Dieu pour une mission spécifique. Encore nourrisson, je devins chrétien par le baptême. J’ai commencé à comprendre ce que cela signifiait pendant ma préparation à la confirmation.

Je me suis senti appelé à la vie religieuse alors que je terminais mon lycée en 2010. Je rendais visite à un ami d’enfance qui était un candidat pour entrer chez les Frères de Saint Jean de Dieu. J’ai pu voir la manière dont ces derniers prenaient soin des malades et des démunis et j’ai été profondément touché par leur sollicitude. Et j’ai commencé à me poser beaucoup de questions sur ce que je voulais devenir, sur saint Jean de Dieu et les frères. J’ai prié Dieu pour qu’il m’éclaire. J’ai demandé de participer au programme de deux semaines ‘Viens et Vois’. Après cette expérience, j’ai continué ma formation. J’ai été envoyé au Benin pour le postulat et ensuite au Togo pour le noviciat où, après avoir fait les deux années réglementaires, j’ai prononcé mes vœux simples.

Depuis que je suis entré dans l’Ordre, j’ai apprécié le style de vie communautaire, la manière dont nous vivons notre consécration, en particulier la fraternité et la vie de prière. C’est cette dernière qui nous donne la force de réaliser la mission et de voir dans chaque malade ou pauvre qui croise notre route le visage du Christ.

Je prie le Seigneur de me donner la force nécessaire et la grâce de persévérer toujours dans cette merveilleuse vocation au service des pauvres, des malades et des nécessiteux comme le fit saint Jean de Dieu.

jeudi 3 septembre 2015

Sur les chemins de l'hospitalité à la suite de Saint Jean de Dieu

SUSANA QUEIROGA
Portugal
Un jour, alors que j'étais encore enfant ou adolescente, quelqu'un m'a demandé : "Que veux-tu faire, quand tu seras grande ?". Et tout à coup, avant de «balancer» une réponse au hasard, j'ai envisagé toutes les possibilités, comme rêve ou illusion, possibilité ou probabilité. La réponse à cette question, concernant en fait ma vocation, a impliqué un cheminement qui, une fois devenu réel, prenant sens et forme, a finalement forgé ma propre histoire.

C'est aux pieds de saint Jean de Dieu que je pris en fait conscience de ma vocation à l'hospitalité. Car c'est avec ses pieds que Jean de Dieu portait nourriture, vêtements, bois à brûler et aumônes pour réconforter les plus faibles. C'est avec ses pieds qu'il parcourait les rues de Grenade, qu'il y fasse chaud ou froid, à la recherche de réponses et de sens. C'est l'histoire et l'effort représentés par ces pieds qui révélèrent le cheminement de ma vocation. La vocation en elle-même était déjà née, mais la prise de conscience de l'effort du Saint de Montemor-o-Novo et l'effet stimulant qu'il eut sur les nombreux hommes et femmes qui suivirent ses traces pendant cinq siècles m'amenèrent à me concentrer, moi aussi, sur ce chemin, que je suis depuis maintenant 16 ans.

C'est ainsi que j'essaie chaque jour de prêter attention aux besoins des autres, de leur apporter des réponses, de leur montrer de la sollicitude par mon comportement, mes actions et mon travail. Je ne sais pas où mes pieds me porteront, mais je sais que ce chemin de l'hospitalité me comble profondément et nourrit ce que je considère aujourd'hui aussi comme ma vocation.

mercredi 2 septembre 2015

Témoignage de l'hospitalité: la vie de Frère Fabián Mačej

Frère FABIÁN MAČEJ
Slovaquie

(Témoignage rédigé par le conseiller provincial Martin Macek)

Je suis né le 18.2.1917 dans une ville appelée Windberg. J'ai émigré en Slovaquie avec mes parents à l'âge de 5 ans. Nous nous sommes établis dans un village, Kobyly.

À l'âge de douze ans, je suis entré au juvénat de la congrégation des Missionnaires du Verbe divin à Štiavnik, où j'ai fréquenté le lycée. Ensuite, j'ai vécu dans la communauté des Missionnaires du Verbe divin à Mödling, près de Vienne.

J'ai quitté volontairement l'ordre en 1944, pour combattre aux côtés des soldats de l'armée slovaque sur le front de l'est. Après la guerre, en 1947, j'ai rejoint l'Ordre hospitalier de saint Jean de Dieu. Le noviciat se trouvait à l'époque à Prague; il y est resté jusqu'à la réouverture du noviciat de Skalitz. C'est là que j'ai prononcé mes voeux temporaires le 29.5.1949, à la fin de mon noviciat. Puis j'ai suivi une formation à Bratislava, à l'école de soins infirmiers. J'ai ensuite prononcé mes voeux solennels le 1.6.1952.

En 1954, j'ai été arrêté par la police d'État avec un confrère de mon couvent de Skalica et nous avons été emmenés près de Nitra, dans un camp de travaux forcés. À partir de 1957, j'ai travaillé comme infirmier dans différents endroits.

Après le changement de régime en 1989, je suis devenu vice-provincial de la vice-province slovaque.
Malgré les dégâts moraux et économiques considérables en Slovaquie, j'ai commencé à reconstruire l'Ordre. Je me suis senti soutenu par de nombreuses personnes. De plus en plus de jeunes intéressés par la vie religieuse ont frappé à la porte de notre communauté de Bratislava. Même si j'étais déjà beaucoup plus âgé qu'eux, je me suis toujours efforcé de comprendre ces jeunes et de bien les préparer à la vie religieuse. 

Frère Fabián Mačej est décédé le 25 mars 1997 à Želiezovce (appelée parfois Zelis en allemand, Zseliz en hongrois).

mardi 1 septembre 2015

Avoir à coeur le respect et dignité du patient

MARÍA V. PELÁEZ VÉLEZ
Colombie
Il y a 19 ans, je remplaçais une collègue bactériologiste au laboratoire de la clinique de la Ceja-Antioquia. Je venais d’un hôpital public. Le charisme de saint Jean de Dieu qui animait les frères de saint Jean de Dieu  et le dévouement de leurs collaborateurs m’ont conquise et petit à petit j’ai assimilé leurs valeurs : la sensibilité humaine, chrétienne et sociale, la prise en charge holistique des nécessiteux, le respect de leur dignité et la défense de leurs droits. 

A la clinique, j’ai appris la responsabilité, l’engagement, le dévouement inconditionnel. Je participe activement au comité de pastorale et à d’autres activités institutionnelles dont le but est de veiller à ce que les destinataires de notre mission – qui sont la raison d’être de l’héritage de saint Jean de Dieu – reçoivent des soins « humanisants », afin qu’aucun patient ne quitte la clinique sans avoir reçu au moins un mot de réconfort. 

C’est un honneur pour moi d’être ambassadrice et partie prenante de la mission de saint Jean de Dieu, dont je m’inspire pour servir et pour « faire le bien et bien le faire ».