dimanche 31 mai 2015

Chercher à donner un sens à la mort

CHUN-JIN YIN
Chine
Depuis trois ans, je travaille dans le centre de soins palliatifs de Yanbian en Chine. Nous y assistons des malades qui sont en phase terminale et les aidons à vivre leurs derniers jours dans un environnement holistique et sans souffrances. Là, j’ai commencé à voir les joies et les douleurs des êtres humains avec un regard nouveau, et j’ai également appris le sens vrai de l’amour, de la souffrance et du service. La majorité des patients considèrent le centre comme un lieu où l’on attend une mort qui n’a pas de sens. Nous les aidons en construisant un environnement accueillant et en soulageant leurs souffrances. Ceci les aide à la fois psychologiquement et spirituellement. Nous veillons particulièrement à garder des contacts avec les membres de leur famille et avec leurs amis et connaissances qui peuvent contribuer à donner un sens et rendre ces derniers jours plus significatifs. Je me souviens d’un homme de cinquante ans qui mourait des suites d’un cancer des os. Il avait une fille qui avait une entreprise à l’étranger mais la famille ne l’avait pas informée de la situation de santé de son père. J’insistais constamment auprès d’eux pour qu’ils l’informent. Quand finalement ils l’ont fait, elle est revenue pour s’occuper de son père avec sollicitude. Elle est restée à ses côtés jusqu’à la fin et lui tenait la main au moment de son dernier soupir. Il est mort serein. Plus tard, l’épouse de cet homme m’a chaleureusement remerciée pour avoir tant insisté pour que leur fille soit informée de la mort imminente de son père. Le climat qui règne dans ce centre me plaît et me permet de répondre aux besoins des patients et de leurs proches sur tous les plans.

samedi 30 mai 2015

Mourir à soi pour renaître de son esprit

NICOLE PALLADO
France
« l'Hospitalité exige une mort en soi pour que l'autre naisse »

Le 7 mai 2009, je cumulais presque 24 années de collaboration avec les frères. Ce même jour, j’allais découvrir Grenade (Espagne), haut lieu spirituel pour l’Ordre Hospitalier, là même où Jean de Dieu posa en 1537 les premiers fondements de la congrégation. Ce voyage était également le cadeau des frères : offrir aux pèlerins l’occasion de marcher sur les pas de leur fondateur. Nervosité, anxiété, joie, bonheur … j’étais dans tous mes états. Peut-être que j’appréhendais ce face-à-face avec cet homme dont la bonté et l’hospitalité ont fait de lui le héros de la charité dans l’Andalousie du XVIème  siècle. A la porte de la « Santa Camara », les frères, les collaborateurs et moi-même, dans le silence, nous ressentions une présence ou plutôt une protection paternelle. En entrant dans ce saint lieu, je rencontrais pour la première fois cet homme dont très souvent je citais le nom sans savoir qui il était vraiment. Son regard me donnait l’impression qu’il était là, à genoux, à attendre que je le visite. Son visage marqué par la fatigue souligne une foi inébranlable. Il était serein. J’ai été touchée par la force qui émanait de son visage. Cette force pragmatique, comme une invitation à mourir en soi pour renaître de son esprit, inspire et guide notre mission d'hospitalité pour faire que chacun de nos gestes révèle la délicatesse de nos sentiments. Heureuse de cette visite, je sais à présent que mon agir quotidien n’aura de sens qu’en appliquant ce que Saint Jean de Dieu a enseigné : « ce que vous faites aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites ».

vendredi 29 mai 2015

Il est nécessaire de se former sans cesse professionnellement et spirituellement

ROSA FIGUEREDO
Amérique du Sud méridionale
Je travaille au centre de rééducation d’Hurlingham, où je suis surveillante de bloc et responsable des brancardiers. En particulier, mon travail consiste à organiser, enseigner, guider, écouter, planifier, distribuer les tâches aux infirmiers et aux brancardiers. Je suis sans cesse en contact avec les patients et leurs proches pour connaître leurs besoins, pour les soutenir et les encourager,  pour les rassurer et leur donner la force de vivre cette difficile étape de leur vie. 

Je suis consciente que pour pouvoir exprimer au mieux ma vocation au service je dois continuer ma formation professionnelle et spirituelle, je dois apprendre à surmonter les obstacles avec sérénité et fermeté et je dois surtout cultiver le charisme hospitalier qui constitue le trait marquant de l’Ordre

jeudi 28 mai 2015

Enrichir sa vie par la pratique de l'Hospitalité

ARLANE DE GUZMAN
USA
Je travaille dans le Bureau de la Fondation de la Province des États-Unis depuis 22 ans. Auparavant, je travaillais dans le secteur de l’électronique et des communications dans la Silicon Valley. Cela a été un grand changement pour moi de passer à la collecte de fonds. Après avoir travaillé pendant quelques mois avec le Frère Patrick Corr qui était le responsable de ce bureau, j’étais certaine d’avoir trouvé ma niche. Cela n’a pas toujours été facile. Nous devions relever de nombreux défis, mais saint Jean de Dieu était toujours là pour nous indiquer la voie. La collecte de fonds exige de rencontrer de nombreux donateurs et bienfaiteurs disposés à partager ce qu’ils possèdent avec nos chers résidents et patients de la Maison de santé et de retraite de Saint Jean de Dieu. J’en suis profondément reconnaissante. Leurs gestes d’hospitalité m’ont motivée à me soucier non seulement de mon travail mais de partager la mission, les valeurs et l’hospitalité des frères avec les collaborateurs et les bienfaiteurs que nous rencontrons dans le courant de nos activités quotidiennes. En travaillant avec les Frères pendant ces 22 dernières années, je ne me suis jamais ennuyée ni ai pensé chercher un emploi ailleurs. Travailler avec les frères et les collaborateurs s’est avéré une expérience tellement enrichissante. Quand je me rends au travail, j’ai l’impression de retrouver un deuxième ‘chez moi’. J’ai eu la possibilité d’éduquer mes trois enfants en leur inculquant les grandes valeurs de l’hospitalité que j’ai moi-même essayé de pratiquer pendant toutes ces années.

mercredi 27 mai 2015

Donner du sens à la souffrance

Frère PARFAIT TCHAOU
Afrique
Le désir de me consacrer à Dieu est né de la rencontre avec une communauté de frères Marianistes qui avait la charge d’une école dans laquelle j’ai fait mes études secondaires. Leur engagement au service de l’éducation des jeunes et le style de vie communautaire qu’ils menaient m’ont séduit et je rêvais d’être comme eux. J’ai alors décidé de faire partie d’un groupe vocationnel pour mieux découvrir et approfondir ce désir et pour me faire accompagner. Je compris alors que  Dieu voulait que je me mette à son service en servant mes frères souffrants.

Mon premier contact avec les frères de Saint Jean de Dieu fut très marquant. C’était à Tanguiéta dans l’hôpital St Jean de Dieu où j’ai passé un temps d’expérience pour découvrir la vie des frères et leur apostolat auprès des souffrants. Là, j’ai découvert un monde différent de celui duquel je venais. Un monde tourné vers le soulagement de la souffrance humaine, qui donne un sens à la souffrance humaine, un monde de compassion. Par de menus services et surtout par une présence silencieuse, quelquefois amusante et évangélisatrice au chevet de certains malades, je leur apportais soulagement et réconfort, ce qui m’encouragea à persévérer dans cette voie que je venais de découvrir. A la fin de cette expérience, je ressentais une joie intérieure pour les expériences de prière communautaire vécues et surtout satisfait d’avoir participé au soulagement des souffrances des malades à l’exemple du Christ.

La vie hospitalière m’a appris à avoir toujours souci du bien-être de mon prochain. En face d’une personne souffrante, je suis porté à chercher à apporter un soulagement à sa souffrance et cela me fait mal lorsque je suis incapable de le faire. Dans mon impuissance humaine, je confie sa souffrance au Seigneur dans un silence compatissant. A l’université où je suis les cours actuellement comme au centre de santé mental où j’aide quelquefois pour les soins et où je visite les malades, j’essaie d’être attentif et disponible pour répondre aux sollicitations des souffrants et des nécessiteux par de menus services que je peux leur rendre dans la mesure de mes capacités. 

La vie communautaire est le lieu de recharge de mes énergies, de réconfort et de soutien, de partage de joie et des peines. Elle me permet à chaque fois de recentrer ma vie sur le Christ par les différentes célébrations liturgiques et autres activités communautaires.

mardi 26 mai 2015

Chercher le visage du Christ souffrant en chaque patient

 JOSE FERNANDO NARVAEZ GOMEZ
Colombie
Je suis entré pour faire partie de la grande Famille hospitalière de saint Jean de Dieu à la fin de l’année 2012 afin d’y compléter mon expérience pastorale. J’étais prêtre diocésain depuis trois ans, lorsque l’évêque m’a envoyé comme aumônier dans cette maison d’hospitalité. 

Cette expérience m’a apporté une grande richesse dans ma vie de consacré. La vocation se concrétise dans la réalisation de la mission. La pastorale socio-sanitaire est un domaine particulièrement privilégié. J’ai l’occasion d’administrer les sacrements aux frères, aux patients ainsi qu’aux collaborateurs et aux voisins de l’hôpital. 

Il s’agit vraiment de cheminer au milieu de la souffrance et de la douleur humaine. C’est accueillir celui qui souffre et le réconforter. C’est me charger des angoisses et des larmes du démuni. C’est discerner avec courage le visage du Christ souffrant dans celui de chaque patient.

lundi 25 mai 2015

Un malade, est une personne qui mérite le respect

ANTONIO ARANDA DALMAU
Espagne
Je suis entré dans cette grande famille en 1990. 

Etranger au monde de la santé mentale, je faisais des remplacements pendant l’été grâce à une amie qui travaillait chez les frères. C’est ainsi que j’ai eu la chance de passer par les différents services de l’hôpital. Une chance parce que cela m’a permis de connaître un très grand nombre de pathologies, un sujet jusque là tabou. A cette époque, c’est à peine si on parlait de la maladie mentale avec la famille ou les amis, tant cet univers était mal connu. 
Petit à petit ce travail m’a passionné.

Ainsi, ai-je constaté que les valeurs que mes parents m’avaient inculquées, telles que l’hospitalité ou la responsabilité, m’ont aidé à comprendre que les individus en situation de vulnérabilité, de marginalisation ou de discrimination sociale à cause d’une maladie mentale, peuvent trouver ici un lieu d’écoute où ils sont traités comme n’importe quel malade, avec tout  le respect qu’ils méritent.  
Ces personnes ont surtout besoin de quelqu’un qui les écoute et les accompagne dans leur souffrance. 

Aujourd’hui, je travaille à la Fundación Germà Tomás Canet où j’ai la possibilité d’interagir avec des personnes souffrant d’une maladie mentale qui les empêche, selon le juge, d’exprimer leur volonté. Cela ne fait qu’aggraver leur état de santé. 

Ce travail me permet d’établir un contact plus profond avec ces patients, de transcender leur maladie et de connaître leur réalité quotidienne au-delà de leur prise en charge médicale.

dimanche 24 mai 2015

Donner de la joie


STEPHEN GAUCIN
USA
Je m’appelle Stephen Gaucin et je travaille dans le bureau de la Fondation de la Province des États-Unis depuis 2011. J’ai déménagé à Los Angeles, en Californie après avoir quitté ma ville natale d’El Paso, au Texas.

En travaillant à la Fondation, j’ai appris à connaître de nombreux bienfaiteurs de longue date des Frères et il est essentiel de faire preuve d’hospitalité et de respect. Après avoir compris que j’avais besoin d’en savoir plus sur le processus du vieillissement et sur les divers services gériatriques, j’ai repris des études et me suis diplômé en gérontologie en 2013. 

Toutefois, aucun cours ne pouvait me préparer à ce que j’allais expérimenter avec les résidents. Lorsque je prenais un repas avec eux ou que je les entendais parler de leur vécu, je faisais une expérience d’hospitalité. Etre présent et permettre aux résidents de se dire est une démarche restauratrice pour eux et, pour moi, une expérience d’hospitalité dont je suis le premier bénéficiaire. Ce sont ces expériences qui m’inspirent et me motivent à continuer mon travail de collecte de fonds pour financer nos services. Chacun, frère, collaborateur, résident ou un de ses proches mérite notre respect quel que soit son statut social. Ayant grandi à El Paso, au Texas, mes parents m’ont enseigné la bonté et à donner de la joie. Je suis reconnaissant d’appartenir à la Famille hospitalière de Saint Jean de Dieu et je sais que je continuerai à vivre conformément aux valeurs et aux traditions que j’ai acquises en travaillant avec les frères et que je m’efforcerai de faire du bien à autrui partout où je me trouverai.

samedi 23 mai 2015

Dieu nous invite à expérimenter d'avantage son amour

Frère MATEUSZ BICZYK
Pologne
Depuis longtemps je souhaitais retourner à la vocation religieuse qui habitait au fond de mon cœur, mais toutefois il m’a fallu dix ans pour quitter un travail prestigieux avec tout ce que cela comportait comme renoncement à une situation matérielle enviable.

Depuis le début des années 90, j’étais fasciné par le charisme de sainte Faustina Kowalska et celui du saint Padre Pio qui met l’accent sur la miséricorde divine et sur la prière pour venir en aide à ceux qui souffrent et sont en fin de vie de même qu’aux âmes du purgatoire. Je me rendais bien compte que c’était la voie que je devais suivre, mais ne savais pas comment faire. 

Avec la crise financière de 2008, beaucoup de changements structuraux ont eu lieu dans mon entreprise et je me suis interrogé sur ce qui comptait vraiment pour moi : suivre ma carrière ou suivre mon cœur ? Et lors d’un déplacement à Poznan, le 14 février 2010, je suis entré dans la Basilique de Lichen pour demander le secours de la Vierge Marie pour résoudre mes problèmes professionnels. Alors que j’étais en prière, j’ai pris conscience que l’on fêtait saint Valentin ce jour-là et j’ai offert mon cœur à la Mère de Dieu en lui demandant d’éclairer ma route. 

Tout est allé très vite après cela. Marie m’a conduit à Cracovie où j’ai été aidé par un prêtre, directeur de la pastorale des laïcs de l’Université Jean-Paul II, Tomasz Bajer. Il m’a soutenu spirituellement et encouragé à entreprendre des études de philosophie et théologie chez les Dominicains et ensuite à suivre un cours post-universitaire de pastorale socio-sanitaire, ce qui m’a rapproché du charisme de l’hospitalité de l’Ordre de saint Jean de Dieu. 

Cette vocation à la vie religieuse a suscité un grand étonnement chez mes proches et est l’aboutissement d’un long parcours de recherche avec des moments de joie,  de souffrance et d’impuissance. Depuis que je suis entré dans l’Ordre et aux côtés des malades et des souffrants, le Christ m’a dévoilé ce que je recherchais depuis toujours : la vérité sur ma vie ; ce faisant il a transformé ma manière d’être avec autrui et a renforcé ma relation à Dieu et incité à expérimenter davantage son amour. Il m’a suffi en fin de compte de m’ouvrir à son amour et de l’accepter comme on accueille la main tendue d’un ami.

vendredi 22 mai 2015

Donner sans rien attendre en retour

VALENTINA CUERVO LEÓN
Colombie 
Je m’appelle Valentina Cuervo et j’étudie à l’Institut Saint Jean de Dieu. Je voudrais donner un témoignage quant à la manière dont j’ai découvert la vocation à l’hospitalité grâce à ces années d’études dans l’Ordre. J’ai donné mes cheveux pour des enfants malades d’un cancer. Je ne l’ai pas fait parce que quelqu’un faisait pression sur moi. Je l’ai fait par conviction personnelle, parce que je savais qu’en agissant de la sorte, je rendais un enfant heureux. J’ai compris que l’image de soi que l’on offre n’est pas tout. Peu importe comment mes  “amis”, me voient et me décrivent. Ce qui compte c’est comment moi-même je me vois, que je m’aime et que je m’accepte. J’ai appris autre chose encore.  Il ne faut pas donner quelque chose dans l’attente de recevoir autre chose en échange. Non, quand je leur ai donné mes cheveux je n’espérais rien de ces enfants. L’unique chose qui comptait était de savoir que j’avais rendu quelqu’un d’heureux et que j’en étais satisfaite.

jeudi 21 mai 2015

L'Hospitalité dans la relation d'aide

SCOTT LOWRY Etats Unis
Je suis un collaborateur dans la Maison de santé et de retraite Saint Joseph à Ojai, en Californie depuis janvier 2003. J’avais 23 ans lorsque j’ai commencé à travailler dans le bureau des services de l’environnement. Depuis, j’ai eu l’occasion de travailler dans divers secteurs. Je suis actuellement Ie directeur des services et c’est une merveilleuse occasion pour moi d’enseigner et de partager avec d’autres tout ce que j’ai appris au fil de mes années d’expérience comme collaborateur de cette organisation. Je le fais en interagissant au quotidien avec les résidents, leurs proches, les collaborateurs et les visiteurs.  Je m’efforce de vivre en tout moment la valeur de l’hospitalité. Parfois, cela prend la forme d’entrer dans la chambre d’un résident en réponse à un appel. Je ne me contente pas simplement régler le problème présent, comme par exemple un robinet qui coule, mais je m’entretiens avec la personne et l’assure que le problème sera résolu et dans des délais corrects. En travaillant en étroite collaboration avec d’autres, J’aime leur faire part d’une réflexion qui m’a frappé. Je me montre courtois et respectueux vis-à-vis d’un proche ou d’un futur résident au moment de leur faire visiter notre structure. Pendant cette visite, je réponds à leurs nombreuses questions et je fais de mon mieux pour qu’ils se sentent les bienvenus. Accueillir avec un sourire et exprimer qu’on est heureux de leur visite peut avoir un impact durable et je m’efforce de le faire toujours mieux.

mercredi 20 mai 2015

Dieu nous appelle pour une mission spécifique

Frère LÉOPOLD GNAMI
Afrique
Dieu nous appelle à son service à travers des signes extérieurs ou des cris de détresse autour de nous. Dans le cas de ma vocation, tout a commencé à l’hôpital Saint Jean de Dieu de Tanguiéta, en 1981, où durant les congés de Noël, je me suis rendu au chevet d’un neveu atteint de la rage après une morsure de chien. Malgré la gravité de son cas tout à fait désespéré, les Frères hospitaliers et les soignants s’en occupaient avec diligence et attention remarquables.

C’est alors qu’un sentiment particulier m’a envahi, avec la question sans cesse qui me revenait : «Pourquoi ne ferais-tu pas comme eux en faveur de ton peuple ? ». Après un temps de réflexion, j’en ai parlé à mon Père spirituel, Père Boulot, un missionnaire SMA (Société des Missions africaines). Je faisais face à deux préoccupations : 1) j’étais un néophyte (baptisé depuis seulement 2 ans) ; 2) depuis ce baptême la lecture de la vie de Saint Augustin m’avait inspiré de me consacrer à Dieu, et pour moi l’unique forme de consécration était de devenir prêtre. Le Père m’exposa les différents types de vocations dans l’Église catholique et me fit comprendre la vie des Frères Hospitaliers de saint Jean de Dieu. Il me promit aussi de parler de moi aux Frères à la première occasion. Le contact était ainsi pris. Après quelques séjours en tant qu’aspirant, j’ai été admis au noviciat de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu à Tanguiéta, à l’âge de 21 ans, le 1er octobre 1983 et j’ai fait ma profession temporaire le 26 janvier 1986.

A l’appel de Dieu correspond toujours une mission spécifique, et pour affronter la mission il faut se préparer. C’est ainsi que j’ai suivi les cours de formation d’infirmier diplômé d’Etat à Afagnan. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai émis ma profession solennelle le 8 mars 1993 ensemble avec Frère Olivier Atoukoté.

De 1993 à 1997, j’ai étudié à l’Université Pontificale salésienne de Rome et j’ai obtenu le 20 juin 1997 une Maîtrise des Sciences de l’Education. Rentré en Afrique, j’ai eu la charge de maître des novices au noviciat d’Agoé-Nyivé de 1997 à 1999. En février 1999, je suis devenu le Délégué Général de Saint Richard Pampuri du Bénin-Togo. De 1999 à 2001, j’ai eu aussi la charge de prieur de communauté et directeur de l’hôpital Saint Jean de Dieu d’Afagnan.

Au cours du Chapitre Général de l’Ordre Hospitalier, célébré à Grenade (Espagne), en novembre 2000, j’ai été élu Conseiller Général, une charge qui m’a rempli de satisfaction mais avec beaucoup de responsabilités. Depuis la fin de mon mandat de Conseiller Général et de Délégué Général en 2007, je suis membre de la communauté religieuse d’Afagnan où j’ai exercé la charge du Directeur de l’Ecole des Infirmiers (2008-2010) ; actuellement je suis le Directeur de l’hôpital depuis le chapitre de la Vice-Province Saint Richard Pampuri en mai 2010.

La vocation du Frère Hospitalier suivant l’exemple de Jésus et selon le style de Saint Jean de Dieu est d’assister les malades avec un esprit chrétien, qui veut avant tout dire : « Etre profondément humains envers toutes les personnes, mais surtout envers celui qui se trouve dans la misère, la faim, la souffrance et la maladie ».

mardi 19 mai 2015

L'Hospitalité par de petits gestes d'attention

EVA SCHÜBLER Allemagne
Je m'appelle Eva, je suis agent d'entretien à l'hôpital. Je suis souvent chargée du nettoyage et de la désinfection des lits dans la salle prévue à cet effet dans le service, mais il m'arrive aussi de m'occuper des chambres des patients. Mon témoignage portera sur ces deux aspects de mon travail.
Certains patients ont envie de parler, d'autres préfèrent le calme. Lorsque je suis dans les chambres, je veille à être attentive à ce dont le patient a besoin à un moment donné. La même chose vaut bien sûr pour toutes les personnes avec lesquelles je suis en contact. Je sais que les mots justes font du bien. C'est ainsi que je vis l'hospitalité dans mon quotidien.

Un jour, j'ai moi-même été profondément touchée par une marque d'hospitalité et d'attention de la part d'un patient. À ce moment-là,  je travaillais principalement dans le service et pas directement dans les chambres des patients. L'un d'entre eux m'a abordée et m'a confié qu'il n'avait jamais pensé à toutes les personnes qui travaillent dans les coulisses à l'hôpital. C'était pendant la période de Pâques, et le lendemain il m'a offert un œuf en chocolat. Cela m'a fait très plaisir et m'a montré l'importance de marquer de l'intérêt toutes les personnes qui nous entourent, même par des petits gestes.

lundi 18 mai 2015

Maintenir toujours les valeurs de l'Hospitalité

SANTIAGO LOPEZ Etats Unis
Je m’appelle Santiago Lopez et je suis un collaborateur des Frères dans la Province des États-Unis. Je suis le DG des œuvres de la province : la Maison de santé et de retraite Saint Jean de Dieu à Los Angeles, Le Centre médico-social et la Maison de retraite Saint Joseph à Ojai, Californie, et la structure médico-sociale avec tous ses services à Victorville/Californie. En cette qualité, j’ai eu le bonheur de constater comment tant de vies peuvent être transformées de manière miraculeuse grâce à nos services. 

Lorsque je dirigeais les programmes de réinsertion sociale du Centre médico-social Saint Jean de Dieu, j’ai été témoin des fruits que produit notre hospitalité. J’ai vu la vie délabrée d’anciens détenus ou drogués devenir saine et productive. Les bénéficiaires de nos programmes voulaient partager avec d’autres ces valeurs qu’ils avaient pu expérimenter dans nos services. Les vies se transforment au quotidien dans nos services et nous en sommes remerciés. 

J’ai également eu l’occasion de réorganiser et peaufiner notre programme ‘Samaritan Helping Hands’ avec tous ses services qui s’adressent aux plus défavorisés de la région désertique du Sud de la Californie. Une fois de plus, nous avons mis l’accent sur l’importance de transmettre aux bénéficiaires du programme et par leur intermédiaire à toute la communauté locale nos valeurs essentielles d’hospitalité, de respect, de dignité et de guérison.  Les défis sont énormes et nous vivons une époque difficile pour les services de santé, mais il nous faut à tout prix préserver nos valeurs et notre identité. Les trois œuvres de la province ont un brillant avenir devant elles et nous pouvons tous y contribuer.

dimanche 17 mai 2015

Vivre l'Hospitalité en lettre majuscule

Frère JUAN JOSE ÁVILA ORTEGA
Espagne
Que faire, comment aider, où aller ? Voilà les questions que je me posais quand ma mère tomba malade, avant de comprendre que sa maladie était le moyen de me permettre de pratiquer ma générosité et de dévouer ma vie aux autres. J’avais déjà décidé de commencer mon cheminement au noviciat des Augustiniens ; cette expérience a progressivement réveillé en moi le besoin de m’approcher du grand mystère de la maladie. Je savais que Dieu écrit droit avec des lignes courbes et que je ne pouvais pas me retrancher derrière mes limites. Bénis soient cette décision et le moyen d’y parvenir.

Aujourd’hui, depuis plus de 25 ans de consécration dans l’Ordre hospitalier de saint Jean de Dieu, après avoir parcouru un heureux chemin avec d’autres frères et des collaborateurs dans la prise en charge des enfants épileptiques, des SDF, des malades mentaux, des malades en phase terminale, après avoir rempli différentes fonctions, je puis affirmer une fois de plus avec joie : bénie soit cette décision !

Dans cette université de l’hospitalité, j’ai été pénétré de « l’odeur des brebis » au chevet des malades tout comme derrière mon bureau, toujours animé par la même volonté et le même souci : pratiquer les béatitudes et l’évangile de la miséricorde. 
   
J’ai la chance d’appartenir à l’Ordre de saint Jean de Dieu d’où jaillit la vie, l’implication, la proximité, l’espérance et l’évangile, grâce aux malades et aux nécessiteux qui sont notre raison d’être. 

En réponse à l’appel du Seigneur et au don qu’Il m’a fait d’aider les plus démunis, je vis l’hospitalité en lettres majuscules.

samedi 16 mai 2015

Une vie consacrée à pénétrer le cœur des malades

Frère RAFAEL A. CASTRO QUIROZ
Colombie
Le Frère Rafael Antonio Castro Quiroz est un religieux de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu depuis 75 ans. 

Il se trouve actuellement dans la maison des frères âgés Fusagasuga (Colombie), où pour le dire avec ses mots,  “je consacre ma vie à la prière et à la contemplation pour le bien de l'Ordre et de ses œuvres”. 

Durant toute une période de sa vie, il a été membre de la communauté de formation du noviciat de la Province de Colombie. Il y a promu la dévotion à la Très Sainte Vierge Marie par son témoignage de vie et par sa prière du chapelet avec les malades. C’était un homme simple et joyeux qui transmettait la sérénité et la joie de vivre, fruit de sa consécration et de son dévouement au service des malheureux. Quand on lui pose la question : ʺQu’a signifié pour vous l’hospitalité pendant ces 75 ans de vie religieuse ?" Le Frère nous a répondu ceci : ʺL’hospitalité comme le charisme de saint Jean de Dieu est le charisme même de l’amour de Jésus. C’est cet amour qui m’a fait réaliser tout ce que j’ai accompli. Le jubilé de diamant (75 ans de vie religieuse) est une très belle chose. Le diamant est une pierre très belle, capable de couper les superficies les plus dures. Par la grâce de Dieu, au cours de ces 75 ans, j’ai eu la possibilité de pénétrer le cœur de nombreux malades. Ce diamant d’amour donné par Dieu a également pénétré mon propre cœur en traversant ce corps de cent ans, pour imiter l’exemple de Jésus, Marie et saint Jean de Dieu”.

vendredi 15 mai 2015

Chaque personne est accueillie comme étant la plus importante


GREGORY BARNES
Etats Unis
Je m’appelle Gregory E. Barnes et je suis l’administrateur des Services de santé Saint Jean de Dieu à Victorville, en Californie. 

Ces services comportent une structure pour traiter les toxicomanes et les alcooliques et un centre social qui accueille, soutient et encourage ceux qui souffrent d’une dépendance ou l’autre, ainsi que des pauvres et des démunis. 

Les personnes qui s’adressent à nous sont au plus bas et ne savent où aller. Je crois profondément à la devise ʺFaites-vous du bien en faisant du bien aux autresʺ. Je la vis au quotidien, et ce faisant je vis l’hospitalité. Je rencontre des gens qui sont en plein désarroi et qui se sentent nuls et je peux les aider à se remettre sur pied. Comme le dit un vieil adage “Nous vous aimerons jusqu’à ce que vous vous aimiez vous-même ”.  Et c’est ce que je fais. Je salue toute personne qui est en détresse avec un sourire qui est authentique. Je la traite comme si elle était la personne la plus importante pour moi, sans la juger et avec un réel intérêt pour ce qu’elle vit. J’ai beaucoup de chance car mon travail me permet de voir cette personne se transformer en un individu plus sûr de lui, plus solide et plus sage. 

Nous sommes fiers de notre centre car il crée un environnement où les gens se sentent accueillis, où ils sont à l’aise, où ils se sentent compris, respectés et aimés. Nous sommes vraiment touchés par l’esprit de saint Jean de Dieu et croyons profondément dans sa mission de pérenniser le ministère de guérison de Jésus grâce à l’hospitalité de saint Jean de Dieu.

jeudi 14 mai 2015

Aimer Dieu et son prochain comme soi-même

Frère HUGH GILLAN
Province d’Europe occidentale
Le mot hospitalité est un mot utilisé actuellement dans nos sociétés pour indiquer l’industrie hôtelière ou hospitalière. Le style de vie pour lequel j’ai opté, il y a bien des années maintenant, me demandait de suivre un type d’hospitalité complètement différent. J’ai décidé de faire le vœu d’hospitalité comme Frère de Saint Jean de Dieu afin de me consacrer ma vie  au service des malades, des pauvres et des démunis en suivant l’exemple du Christ compatissant  de l’évangile et la manière de faire de saint Jean de Dieu. Notre fondateur était appelé de Dieu précisément parce qu’il était capable de révéler la présence de Dieu par son hospitalité empreinte de multiples gestes d’amour et une  profonde sollicitude pour ceux qui croisaient sa route. 

Je rends grâce à Dieu pour le don qu’il m’a donné d’être attiré par Jean de Dieu et de vouloir le suivre. Je considère que c’est un grand privilège bien que, parfois, m’occuper des malades et des démunis et joindre mes efforts à ceux de tant d’autres personnes qui ont la même vocation que moi, n’est pas toujours facile. Les collaborateurs et les bénévoles aux côtés desquels je travaille, ne cessent de m’inspirer ainsi que tous ceux que nous servons. Ils me donnent du courage pour persévérer et aller de l’avant. La messe quotidienne et l’oraison me soutiennent spirituellement et m’insufflent l’énergie nécessaire pour garder mon attention axée sur Jésus, le bon Samaritain. Je ne peux que citer ici nos Constitutions qui reflètent merveilleusement mon état d’âme. “Suivre et servir Notre-Seigneur Jésus Christ, voilà le plus grand désir de notre vie ; nous voulons l’aimer par-dessus toutes les choses de ce monde et, par amour pour lui et pour sa bonté, nous voulons faire le bien et la charité aux pauvres et aux nécessiteux ” (Const. Art.4).

Il me faut chaque jour m’efforcer de trouver les meilleures manières de pratiquer l’hospitalité en suivant l’exemple et les intuitions de saint Jean de Dieu. Ce n’est pas toujours une sinécure, mais cela fait partie de qui je suis. Quoi qu’il en soit, je suis très satisfait de ma vie et des nombreuses occasions que j’ai d’appliquer le premier et plus grand commandement de tous : aimer Dieu et mon prochain comme moi-même.

mercredi 13 mai 2015

L'Hospitalité se vie dans la transmission de cette valeur

Frère  ETIENNE MBAD SENE
Afrique
Je suis né le 11 août 1974, dans un village au centre du Sénégal, de parents catholiques, au sein d’une grande famille. J’ai grandi dans ce cercle familial où dès l’âge de 6 ans, je fréquentais l’école primaire. Recruté à 12 ans, j’étais admis au juvénat des frères de saint Gabriel afin poursuivre mes études, dans l’intention de devenir religieux consacré.

Ma vocation est née comme cela. Et après avoir passé trois ans au collège avec les frères, je demandais à aller réfléchir, car en réalité, l’ambiance dans laquelle nous vivions au juvénat, non seulement ne me plaisait pas, mais encore, la profession d’enseignant n’était pas mon désir profond. Mon école était désormais le lycée où je poursuivais le cycle secondaire  jusqu'à la terminale. Durant ce temps, j’avoue que le Seigneur m’a manifesté son amour et m’a beaucoup soutenu, car je continuais à nourrir fortement ce désir de devenir frère, mais cette fois-ci dans une autre congrégation.

C’est donc juste après le lycée que j’ai rejoint les frères de St Jean de Dieu avec qui j’avais eu des contacts. Je commençais le postulat en 1997 et trois ans plus tard, je fis ma première profession, ensuite les études professionnelles d’infirmier les trois années suivantes. A l’issue de cette formation professionnelle, mon supérieur Délégué Général du Sénégal et Mozambique me demanda de me préparer pour aller étudier à Rome en vue de me préparer à servir dans la formation. Après trois ans encore de formation en science de l’éducation, j’ai été envoyé au noviciat à Lomé du Togo pour accompagner les jeunes candidats en formation. Depuis ce jour, je suis à ma sixième année d’expérience comme formateur. 

Parlant d’expérience hospitalière, j’avoue que je n’en ai pas quand il s’agit de l’hôpital, à part mon temps de formation comme jeune postulant et ensuite comme élève infirmier. Ma vie et mon expérience hospitalière se déploient dans la transmission des valeurs et principes de la vie religieuse en générale et de ceux de l’Ordre de St Jean de Dieu en particulier. Aussi, en contact permanent avec la réalité de notre milieu, une charge non négligeable m’incombe dans l’écoute, l’assistance et le soutien des personnes qui sont dans le besoin. En le vivant au quotidien, je sens que, où que nous puissions nous trouver pour la cause du Christ, nous pouvons vivre pleinement l’apostolat hospitalier, car les pauvres se trouvent partout. Je me sens épanoui donc dans cette vie hospitalière qui se réalise dans mon rôle d’accompagnateur des jeunes en formation mais aussi dans le contact avec le monde souffrant, pour qui nous nous dévouons et pour qui nous sommes sensibles.

mardi 12 mai 2015

Dieu aide à avancer avec audace

GIOVANNI ARGUETA Etats Unis
Je m’appelle Giovanni Argueta. Je travaille au secrétariat de la Province des États-Unis de l’Ordre Hospitalier de saint Jean de Dieu depuis 1997.

J’habite actuellement à Los Angeles. Avant de travailler pour les Frères de Saint Jean de Dieu, j’étais employé de banque ce qui est un monde totalement différent. La déclaration de mission de la majorité des banques est de fournir le meilleur service possible aux clients, mais avant tout de faire des bénéfices pour la banque. 

Pendant la période de transition, lorsque j’ai commencé à travailler pour une organisation religieuse sans but de lucre, ma vision a complètement changé et ma nouvelle mission est de faire preuve d’hospitalité et de sollicitude envers tous ceux qui fréquentent nos œuvres. Au fil des ans, j’ai été inspiré par les dons et les talents des uns et des autres et j’ai évolué dans ma manière d’entrer en relation avec les frères, les collaborateurs, les résidents et tous ceux qui croisent ma route chaque jour. J’ai appris que tout est possible et qu’il ne faut pas avoir peur d’entreprendre un projet de grande envergure lorsqu’on ouvre son cœur à Dieu et qu’il faut s’y lancer inconditionnellement. Je continue à apprendre chaque jour comment manifester mon hospitalité de différentes manières. Je reconnais avoir beaucoup de chance de pouvoir compter sur de nombreux ‘grands frères’ qui me soutiennent dans ce cheminement. Dieu a une façon mystérieuse d’inviter chacun de nous à réaliser son œuvre. Nous faisons nos propres projets, mais en fin de compte c’est Dieu qui dispose.

lundi 11 mai 2015

Une vocation particulière dans le monde contemporain

Frère LÉON R MBENGUE Afrique
Né dans une famille catholique, je fus envoyé comme tous les enfants du village à l’école primaire privée catholique dirigée par les sœurs de l’Immaculée Conception. L’éducation religieuse y était primordiale. A la fin, la plupart des élèves étaient orientés au petit séminaire ou dans des juvénats dirigés par des religieux (ses). 

N’ayant en moi aucun désir de rejoindre l’une de ces maisons, je poursuivis mes études  dans un collège privé catholique dirigé par les frères de St Gabriel puis au lycée public. J’étais inscrit dans un internat. La catéchèse et la pastorale des vocations menées dans ces établissements cohabitaient en harmonie. Je participais activement aux activités religieuses  du collège et du lycée. 

Je découvris les frères de St Jean de Dieu car leur hôpital était à côté du collège. Je fus séduit par leur engagement et par leur présence visible et attirante. C’est ainsi que je leur exprimai mon désir d’être frère de St Jean de Dieu. Je rejoignis le groupe des aspirants tout en poursuivant mes études. Progressivement, je perçus leur vie et leur manière de faire.  Je vivais tout cela dans la prière et leur partage avec des amis, parents et autres dont mon curé. Je reçus des encouragements.

Je débutai la formation avec trois autres compagnons dont le Fr. André SENE. Cette étape fut enrichissante, encourageante et joyeuse entre nous tout d’abord, et avec notre frère maître, Fr. Juan Manuel Quillabert, et les autres frères de la communauté. C’est ainsi que je commençais à découvrir la mission des frères. Une mission marquée par une attention particulière aux malades et aux pauvres qu’ils rencontraient. Ils nous entraînaient à travers leur vie de  témoignage dans cette ambiance avec beaucoup de passion.

Je poursuivis avec joie et motivation mon cheminement dans cette famille tout en développant progressivement le sens d’appartenance, l’amour de mes frères, des malades et des pauvres. Ce cheminement m’a permis de découvrir la grandeur de l’Ordre. L’expérience dans le monde de la souffrance et celle auprès des frères contribuèrent à la solidification de ma vocation hospitalière, une vocation belle et noble dans notre monde contemporain.

Ayant acquis l’expérience et vivant avec certitude l’appel avec mes forces et faiblesses, j’introduisis ainsi la demande de m’engager définitivement dans l’Ordre. Me voici aujourd’hui au service de mes frères et sœurs avec le souci de vivre avec intégrité chaque jour cet appel.                                                                                                                                               

dimanche 10 mai 2015

Mettre en pratique ce que nous professons

RENE DRACHENBERG
Etats Unis
Je suis le coordinateur des ministères de la Province des Etats-Unis. Comme médecin et administrateur de l’hôpital, je me sens réalisé et heureux de travailler dans la Maison de Santé et de Retraite Saint Jean de Dieu à Los Angeles. 

Mon travail ici n’est pas un simple poste administratif comme il y en a tant dans l’industrie hospitalière. Notre hospitalité est différente car elle se base sur des principes et la conviction qu’un comportement moral intègre génère un sentiment de satisfaction pour la personne et est une bénédiction pour la communauté. Je me sens interpellé comme directeur d’un centre de saint Jean de Dieu à manifester cette hospitalité envers autrui dans une société qui a perdu ses valeurs fondamentales. 

La société actuelle semble en désarroi et interprète mal les valeurs de l’hospitalité, du respect et de la dignité. Elle les considère comme des signes de faiblesse et d’insécurité. C’est à ces moments que je pense au chapitre V de l’évangile de Matthieu, qui nous invite à aimer notre prochain de même que ceux qui nous insultent ou nous blessent et pas seulement nos amis, ou les gens aimables. C’est dans notre quotidien que nous avons l’occasion de mettre en pratique ce que nous prêchons. Pour cela et pour beaucoup d’autres choses j’éprouve une grande gratitude envers la Providence qui m’a donné l’occasion de vivre et de transmettre les valeurs fondamentales de l’Ordre aux collaborateurs et à ceux qui croisent ma route. ʺFaites-vous du bien en faisant du bien à autruiʺ.

samedi 9 mai 2015

« Venez à moi vous tous qui êtes peinés et accablés ; je vous soulagerai. »

MERCE PUIGPEY Espagne
Qui n’a jamais rêvé, dans ses moments de fragilité, de trouver un soutien dans les bras de quelqu’un qui l’aime ?  « Venez à moi vous tous qui êtes peinés et accablés ; je vous soulagerai. » Mon cœur angoissé cherchait un soulagement et quelqu’un a chuchoté à mon oreille ces mots comme un écho fidèle pour réaliser le projet de Jésus sur moi. C’étaient des mots vieillis et usés à force d’être banalisés et prononcés sans trop réfléchir… Cependant ce jour-là, ils semblaient à tel point neufs et proches de mon cœur que j’en tremblais. Je me souviens du bourdonnement des voitures autour de moi et cette grande rue de ma ville qui me paraissait interminable. Et sous un ciel de plomb, ce chuchotement... aussi léger que la brise du mont Horeb. Le chemin se fait en marchant, dit le proverbe, et pendant que je marchais il me parlait de moi, m’expliquait mon tourment, mes besoins, mes angoisses, les dettes que j’avais contractées. Le partage allégeait mon fardeau.  A la nuit tombée, grâce à la paix conquise quelques heures auparavant, mon seul souhait est d’accueillir et de partager mon humble table et mon pain austère. 

Tu m’accueilles, je t’accueille. Et dans cet échange, mes yeux s’aiguisent, mes oreilles se tendent. Mon cœur s’apaise. Don et mystère de l’hospitalité qui change nos perceptions quand ce qui nous unit le long du chemin sublime notre désenchantement et notre douleur.  Entrailles de miséricorde d’un Dieu fidèle qui pourvoit à tous nos besoins, nous unit et nous séduit par son amour.  

vendredi 8 mai 2015

Le savoir faire à l'école de l'Hospitalité

LOURDES BAUTISTA VIDRIO
Mexique
De manière tout à fait fortuite, j’ai été pendant six mois bénévole au service de psychologie. Cette expérience m’a permis d’apprécier la qualité de la gestion de l’hôpital, la formation qu’il assure, la manière qu’ont les Frères de traiter les patients. Mais ce sont surtout leurs valeurs qui m’ont conquise, notamment l’hospitalité envers les patients et leur sollicitude pour leur bien-être.

Dans l’ensemble j’ai vécu une expérience très gratifiante au sein de l’Ordre Hospitalier où j’ai acquis un savoir que je n’aurais  pu obtenir nulle part ailleurs et dont je suis particulièrement reconnaissante.

jeudi 7 mai 2015

Prendre conscience de nos faiblesses nous aide à grandie pour mieux servir

Frère YVO JEONG
Corée du Sud
Je suis aumônier à l’Hôpital Saint Jean de Dieu de Gwangju, Corée du Sud. 

Je suis très heureux de mon ministère. Je pense que la pastorale et l’attention spirituelle sont très proches de ce que saint Jean de Dieu faisait lui-même à Grenade, quand il se souciait du bien-être corporel et spirituel de ses malades. Je sens que comme frère, j’ai comme principal devoir de me mettre à l’écoute des patients et de ceux qui sont dans le besoin. 

Mon ministère me permet d’analyser ce qui se passe en moi et m’aide à grandir spirituellement. Je pense souvent que je manque des compétences nécessaires pour aider les autres. Je pense aussi qu’il est impossible de vivre le charisme de l’hospitalité si nous ne sommes pas convaincus de nos limites et carences personnelles. Je crois que cela nous aide à en prendre conscience et à nous efforcer de les surmonter. Mon ministère m’aide à faire face aux problèmes et blessures du passé et à répondre aux attentes des patients, de leurs proches et des collaborateurs. Lorsque j’exerce mon ministère comme aumônier et membre de l’équipe de pastorale, j’ai vraiment l’impression que je suis l’exemple de saint Jean de Dieu et j’en suis très fier.

mercredi 6 mai 2015

Aider son prochain c'est s'aider soi-même

MATILDE CÁCERES LIANES 
Andalousie
Soulager, adoucir, atténuer : c’est à l’enseigne de ces trois verbes, qui traduisent mes intentions profondes, que je m’approche de chaque malade à son entrée à l’hôpital, au moment d’affronter la fin de la première partie de notre existence. 

Le malade et sa famille ont besoin d’une présence dans le calme et la tranquillité, car c’est à eux qu’appartiennent ces moments difficiles. C’est le malade qui décide s’il veut reposer, parler ou recevoir des manifestations d’affection. En tant que bénévole, je suis toujours prête à répondre aux besoins du malade et de ses proches : ce sont eux qui forgent nos relations. 
   
Cependant, à mesure que le temps passe, ces relations deviennent plus profondes, mon désir d’aider le malade demeure intact et ces trois verbes qui donnent un sens aux soins palliatifs se transforment en sentiments et émotions réciproques. Tel est toujours le cas et quelque différents que soient les patients :  

- je minimise la déception que j’éprouve pour des actes dont je ne suis pas fière ;

- j’adoucis mon esprit et mon caractère par la compassion, le respect et la tolérance ;

- j’atténue mes peurs devant ces moments difficiles quand je vois le courage et la dignité avec lesquels certains patients font face à la mort. 

D'une certaine manière, je me sens aidée par ces malades, car aider son prochain signifie s’aider soi-même. Je suis reconnaissante à tous ceux qui m’ont permis d’entrer dans leur vie au moment où elle s’achève et de partager la fin de la première partie de leur parcours.   

mardi 5 mai 2015

Laisser le Seigneur ouvrir nos vies et les transformer

AjouteAzucena Segura Núñez
Equateur
Je m’appelle Azucena Segura Nuñez, et depuis quatre ans je travaille dans le secteur de la thérapie psychopédagogique.

Ce secteur a été développé après avoir fait une étude approfondie des besoins multiples de cette population très défavorisée et extrêmement vulnérable. Elle ne souffre pas seulement d’une pénurie de logements et de maltrunition, mais elle souffre surtout d’une carence d’affection, d’une absence d’estime de soi et d’une absence presque totale de scolarisation. Petit à petit, nous sommes parvenus à faire progresser les capacités intellectuelles des habitants de ce quartier ainsi que leurs capacités d’adaptation. Pour cela, nous avons lancé diverses initiatives et utilisé divers programmes de stimulation cognitive, sensorielle, affective et de motricité pour découvrir chez chacune de ces personnes leur potentiel enfoui à cause de trop de misère, de handicap, d’abandon et de manque d’amour. Nous avons progressé étape après étape et aujourd’hui, nous travaillons dans de petits projets productifs comme, par exemple un potager bio, des tissages, la peinture de cartes postales, la création de serre-têtes et de porte-clés.

Pour moi, l’hospitalité a signifié : permettre au Seigneur d’ouvrir ma vie et de la transformer en un instrument pour cette œuvre merveilleuse que réalise l’Ordre. Car, en fin de compte, comme le disait le Père Carollo: “Seule la présence du Christ dans notre vie nous donne la possibilité d’aimer gratuitement et de nous mettre au service des plus démunis ”.


lundi 4 mai 2015

Ceux que l'on accueille sont notre raison d'êttre

Frère STEPHEN KWON Corée du Sud
J’habite dans la communauté Saint Raphaël à Chuncheon, Corée du Sud. La communauté est responsable du centre d’assistance sociale et de l’accueil de nuit de la ville. 

L’apostolat du centre est fort semblable au travail que saint Jean de Dieu a fait à Grenade. Les résidents du centre, de même que les collaborateurs et bénévoles avec lesquels je suis en contact tous les jours enrichissent ma vocation de Frère de Saint Jean de Dieu. Chaque fois que je rencontre un résident, je me demande si je fais vraiment tout ce qu’il faut pour lui avec solicitude. Je n’oublie jamais comment saint Jean de Dieu s’occupait des malades de son hôpital même lorsqu’il rentrait tard, pour passer ensuite une partie de la nuit en prière. 

Je perçois la gratitude des résidents et cela m’aide à corriger mes carences et imperfections. Les beaux souvenirs me donnent la force de continuer et de vivre pleinement ma vocation. Je dois ce que je suis aujourd’hui en grande partie aux résidents du centre. Ils sont ma raison d’être. Ils sont mes maîtres et m’aident à suivre l’exemple de saint Jean de Dieu. Chaque être humain traverse des épreuves et des difficultés mais il doit pouvoir compter sur des proches qui le réconfortent. C’est notre manière de manifester à ceux qui nous entourent que le royaume de Dieu existe déjà sur terre.

dimanche 3 mai 2015

Les vocations est un travail d'Eglise

Frère JOHN  BANGSI Afrique
Je voudrais tout d’abord rendre grâce à Dieu pour ma vocation de Frère de saint Jean de Dieu et exprimer ma gratitude à tous ceux qui m’ont accompagné et soutenu dans mon appel jusqu’à ce jour. La liste en est longue et je ne pourrai les mentionner tous mais permettez-moi de remercier le Frère Jesús Etayo, Supérieur général, de me donner l’occasion de raconter mon parcours. 

Je suis originaire du Cameroun où l’Ordre fut fondé en 1968 par la Province d’Andalousie. 

J’ai été admis comme candidat à Nguti, siège du postulat et du noviciat, en 1983. À l’époque les vocations étaient nombreuses. Certains membres de mon groupe comme Alberto, Nicholas, Patrick, Linus Winkar, sont considérés comme des piliers de l’Ordre en Afrique aujourd’hui. C’était à Nguti que l’Ordre eut sa première fondation et c’est pour cela qu’on considère ce centre de formation comme le berceau de l’Ordre au Cameroun. Depuis, le noviciat a été transféré à Lomé, au Togo.

Après avoir été responsable de la pastorale des vocations et collaboré avec l’archidiocèse de Bamendawhere et d’autres congrégations à ce titre, j’ai été nommé Maître des postulants en 1999 avant d’être envoyé en mission en Zambie pendant cinq ans et ensuite au Malawi où, j’étais chargé entre autres, de trois novices et de cinq profès temporaires.
  
Pour terminer, je voudrais faire mention de la riche collaboration qui existe entre les congrégations dans la province ecclésiastique de Bamenda tant pour ce qui concerne la promotion des vocations que pour la formation des formateurs qui ont la possibilité de participer à des sessions de mise à niveau trois fois par an. 

Je prie le Seigneur de bénir l’Ordre avec de nombreuses bonnes vocations. Puissent les jeunes tendre l’oreille à son appel et y répondre avec générosité !

samedi 2 mai 2015

"Venez et voyez"

PETER WEINHAPPL Autriche
Au centre des frères de saint Jean de Dieu de Kainbach, près de Graz, nous organisons tous les deux ans des Jeux de la Passion. Des personnes qui vivent manifestement la Passion dans leur vie et sont prises en charge des nous, des collaborateurs ainsi que des amis de la maison présentent de manière émouvante la vie de Jésus sous différents angles.

Ce projet réalisé en commun montre au public ce qu’est l’hospitalité. La troupe de théâtre se prépare pendant quatre mois à ces Jeux de la Passion. En tant qu'aumônier principal, je participe à ce projet et suis surtout responsable du texte et de la musique. Dans une scène, les disciples parlent de leur vocation. Ils demandent à Jésus: "Maître, où habites-tu ?" Il leur répond : "Venez et voyez ! » Cette invitation s'adresse aussi aux spectateurs de ces Jeux de la Passion. Venez et voyez comment nous agissons les uns avec les autres, venez et voyez ce que nous sommes capables de faire ensemble, venez et voyez ce que nous avons à dire. L'hospitalité est plus que l'hospitalité vécue. L'hospitalité chrétienne signifie toujours aussi être des témoins de celui qui est la véritable source de l'hospitalité : Dieu lui-même.

Les Jeux de la Passion se terminent par une « agape ». Cette célébration commune est le signe de l'hospitalité vécue. Dans un cantique, nous chantons que Dieu règne là où s’expriment la bonté et l'amour. C'est particulièrement tangible et perceptible lors de ces soirées.

vendredi 1 mai 2015

Il faut savoir s'accepter tel que l'on est

Frère MANUEL  RODRIGUEZ
Amérique du sud méridionale
J’exerce un des plus beaux métiers qui soit, dans la mesure où il me permet de soulager la souffrance des malheureux. Il faut reconnaître que l’on est peu de chose à œuvrer chaque jour pour surmonter les difficultés. Il s’agit de faire don de soi, sans aucune réserve, en s’efforçant de transmettre les valeurs de l’hospitalité que nos prédécesseurs nous ont léguées. En effet, nous sommes les héritiers d’une grande aventure d’hospitalité. C’est peut-être pour toutes ces raisons que j’ai voulu mettre mon travail de religieux au service de la société. J’accomplis toutes les tâches qui me sont assignées, des plus humbles aux plus grandes. Il faut s’efforcer de donner le meilleur de soi toujours, en incorporant les nouveaux modèles de travail. Aujourd’hui, je suis une personne qui s’accepte telle qu’elle est, avec ses forces et ses faiblesses.  

Dans le cadre de ma charge actuelle de directeur général, j’encourage la transparence, le travail en équipe, la délégation des tâches, la confiance. Mon souhait est que les personnes dont j’ai la responsabilité remplissent fidèlement leurs fonctions.