samedi 30 mai 2015

Mourir à soi pour renaître de son esprit

NICOLE PALLADO
France
« l'Hospitalité exige une mort en soi pour que l'autre naisse »

Le 7 mai 2009, je cumulais presque 24 années de collaboration avec les frères. Ce même jour, j’allais découvrir Grenade (Espagne), haut lieu spirituel pour l’Ordre Hospitalier, là même où Jean de Dieu posa en 1537 les premiers fondements de la congrégation. Ce voyage était également le cadeau des frères : offrir aux pèlerins l’occasion de marcher sur les pas de leur fondateur. Nervosité, anxiété, joie, bonheur … j’étais dans tous mes états. Peut-être que j’appréhendais ce face-à-face avec cet homme dont la bonté et l’hospitalité ont fait de lui le héros de la charité dans l’Andalousie du XVIème  siècle. A la porte de la « Santa Camara », les frères, les collaborateurs et moi-même, dans le silence, nous ressentions une présence ou plutôt une protection paternelle. En entrant dans ce saint lieu, je rencontrais pour la première fois cet homme dont très souvent je citais le nom sans savoir qui il était vraiment. Son regard me donnait l’impression qu’il était là, à genoux, à attendre que je le visite. Son visage marqué par la fatigue souligne une foi inébranlable. Il était serein. J’ai été touchée par la force qui émanait de son visage. Cette force pragmatique, comme une invitation à mourir en soi pour renaître de son esprit, inspire et guide notre mission d'hospitalité pour faire que chacun de nos gestes révèle la délicatesse de nos sentiments. Heureuse de cette visite, je sais à présent que mon agir quotidien n’aura de sens qu’en appliquant ce que Saint Jean de Dieu a enseigné : « ce que vous faites aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites ».

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