samedi 15 août 2015

Accueillir l'autre, c'est s'accueillir soi-même

DANILO RIGAMONTI
Lombardie-Vénétie
Le thème de l’hospitalité évoque des atmosphères suggestives et fantaisistes. Il suffit de penser aux personnes que nous recevons chez nous, à nos amis, à l’hospitalité que nous offrons à ceux que nous aimons. Le souvenir d’avoir été accueilli par un inconnu, un étranger, évoque les mêmes atmosphères. Comment sommes-nous accueillis ?  Mais je risque d’aller trop loin. 

Je voudrais plutôt parler de l’hospitalité appliquée à mon  travail de psychiatre auprès du « centre de rééducation et de suivi psychiatrique » à San Colombano al Lambro, un nom qui évoque une promesse pour les patients « étrangers ».
  
Les propos de Don Giussani me reviennent à l’esprit quand il parlait d’une sorte de pathologie de l’inhospitalité qui semble prévaloir dans les relations actuelles. Il rappelait que l’accueil de soi-même est le point de départ et l’objectif de l’hospitalité. Il insiste sur le fait que  la première mission est vis-à-vis de soi-même. En d’autres termes, Don Giussani souligne que l’acceptation de soi avec ses fragilités et ses faiblesses est décisive pour pouvoir accueillir l’autre. Car comment peut-on accueillir un malade si nous ne reconnaissons et n’acceptons pas nos propres difficultés et fragilités ?
    
Hospitalité « mentale » signifie faire la place dans son esprit pour accueillir toute les caractéristiques de l’autre malade, qu’elles soient « positives » ou « négatives » - sachant que ces catégories de jugement ne s’appliquent pas au domaine médical – ce qui revient à adopter une attitude neutre, sans a priori. Cela pourrait aider les autres à accueillir leurs émotions et leurs sentiments, à les assumer, y compris les plus douloureux, enchevêtrés ou destructeurs.

La création d’un tel espace se traduit par un acte très simple : la présence dans la relation avec le malade, en un mot, l’hospitalité.
     
En guise de conclusion, je vais emprunter les mots à Howard Zinn, un grand historien américain qui a raconté l’histoire des Etats-Unis à partir des personnes que l’histoire officielle ignore: les pauvres, les esclaves noirs, les peuples indigènes des Amériques : « Il n’y a pas besoin de s’engager dans des actions grandes et héroïques pour participer au processus de changement. De petits gestes, s’ils sont multipliés par des millions de personnes, peuvent transformer le monde… »”

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