Frère FLAVIEN RUTHMANN France |
« Accepter mes fragilités, c’est prendre le risque de l’Hospitalité »
60 années au service de l’Hospitalité, 60 années où j’ai pris le risque de suivre le Christ dans la fragilité de nos vies, 60 années où j’ai pris pour modèle Saint Jean de Dieu.
Je me souviens de mon premier « OUI ». J’ai même l’impression que c’était hier. En le méditant, j’en conclue que « dire OUI » c’est oser vivre pleinement notre humanité. Non pas seulement malgré nos fragilités mais aussi à travers ces fragilités. Il y a probablement eu dans mon enfance un événement qui est venu confirmer ce choix de vouloir être au service des plus pauvres. Lequel ? Saisi aux entrailles par ce qui arrive à quelqu’un de proche, touché par un récit, ma famille, un religieux, un visage, ou encore, indigné, révolté face à des situations que je juge inacceptable, sentant qu’ici se joue quelque chose de crucial et qu’il en va de la dignité de notre humanité. » Je ne sais pas. Néanmoins, une telle indignation par rapport aux difficultés de l’autre nécessite d’abord de l’avoir rejoint d’une manière ou d’une autre. Répondre à l’appel du plus fragile, s’engager à ses côtés suppose d’avoir été touché par la grâce de Dieu mais aussi par lui, le pauvre ou le malade dans sa propre chair. La leçon du bon samaritain dans l’Evangile est intéressante : il convient d’abord de se faire suffisamment proche de l’autre, telle une attitude sanjuaniste. La compassion par exemple, ne signifie pas prendre la place de l’autre (car cela n’est jamais possible) mais plutôt d’accepter d’« être avec l’autre » dans son épreuve, et devenir pour lui, comme le Bon Samaritain ou Jean de Dieu, un véritable « compagnon de route ». Ainsi, en acceptant d’être vulnérable devant l’autre, c’est rendre l’hospitalité possible. Etre reçu par l’autre, être accueilli par lui, échanger de manière authentique… exige bien souvent de se reconnaitre soi-même pauvre et vulnérable. Tel est le fruit de ma méditation du jour.
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