Monica I. MONTANA ARÉVALO Colombie |
La plante de ses pieds avait un aspect impressionnant à cause du sarcome de Kaposi, mais entre lui, mon groupe d’étudiants et moi-même il y avait une relation tellement spéciale que quand nous nous sommes séparés de lui du fait de la rotation, nous étions tous au bord des larmes.
Avec Armando nous riions, nous partagions son quotidien ; il adorait nous guider au moment des traitements. Il nous faisait entendre de la musique et avec patience et confiance il mettait ses pieds dans les mains des stagiaires. Ses progrès étaient nos progrès, sa joie était notre joie, de même que sa souffrance et sa satisfaction étaient les nôtres lorsqu’il arrivait à passer du lit au fauteuil. Nous avons vite oublié sa pathologie pour nous concentrer sur son humanité.
Sans rime ni raison, une de mes étudiantes a peint la grenade de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu sur son pied bandé. Ce geste symbolique m’a émue et m’a rappelé le rôle qu’a joué le fondateur de l’Ordre dans mon enseignement. Je me souviens qu’un jour, à l’Ecole, j’ai assisté à une représentation théâtrale de sa vie : sa réaction après la prédication de saint Jean d'Avila est restée gravée dans mon cœur.
Je sens la présence de l’esprit de saint Jean de Dieu quand je regarde le patient dans les yeux, parce que son regard touche mon âme et me ramène au souvenir sublime du fou de Grenade qui m’accompagne toujours
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