BARBARA CINI Lombardie-Vénétie |
"L'Hospitalité" est présente dans de nombreuses histoires bibliques et, face à un Dieu qui est présent dans le monde par Jésus Christ, le comportement à adopter ne peut être que celui de l'accueil. Cette attitude est particulièrement chère aux frères de saint Jean de Dieu, car c'est le charisme que leur a légué leur fondateur. C'est un don précieux, qui devrait « contaminer » les collaborateurs qui –comme moi- travaillent dans leurs centres. J'imagine que c'est pour cela que l'on m'a demandé de parler de ma propre expérience. Elle n'est pas marquée de grands événements exceptionnels, mais trouve son authenticité justement dans le quotidien, l'ordinaire et les choses simples. Apprendre à faire l'hospitalité? Non, apprendre à être l'hospitalité!
Être hospitalière signifie pour moi essayer d'être accueillante, d'accepter l'autre dans sa diversité, sans vouloir lui imposer ma conception de la vie ou du monde. C’est essayer de vivre en étant toujours ouverte, prête à changer ma routine, mes engagements; c'est l'attitude nécessaire pour faire de la place à l'autre et lui permettre d'entrer dans "ma maison", même lorsque c'est incommode. Cela signifie accueillir l'invité avec joie, en lui donnant le maximum pour qu'il se sente bien.
Il est vrai que le monde qui nous entoure incite toujours plus à la méfiance et au repli sur soi-même. Nous avons de moins en moins de temps pour nous-mêmes et sommes désorientés par les diversités culturelles, religieuses, ethniques et économiques. Comment puis-je me consacrer à mon "hôte" si je suis concentrée sur mes problèmes au point parfois de ne pas me rendre compte des besoins de ceux qui m'entourent? Et comment puis-je faire preuve d'hospitalité envers les autres si je ne m'accueille pas moi-même, avec mes angoisses et mes fragilités?
Dans mon service auprès des personnes malades ou âgées, je me rends compte que je dois avant tout travailler sur moi-même, pour accepter mon altérité et ensuite accueillir les autres et être là pour eux. Il s'agit d'un travail personnel qui m'inscrit cependant dans une mission de communauté: c'est l'Église qui fait preuve d'attention et d'hospitalité à travers les frères de saint Jean de Dieu.
Certaines personnes ont joué un rôle dans ma vie ("mes" témoins de la foi). L'un d'entre eux est l’ancien patriarche de Venise, Marco Cé, que j’appréciais beaucoup. Je lui ai confié un jour que je souhaitais changer de travail et il m'a dit: “Barbara, réfléchis bien! Tu as entre les mains un trésor précieux, le contact avec les personnes qui souffrent. Les servir ne fût-ce que pour leur offrir un instant de soulagement, c'est ton école de vie”.
Depuis, j'ai pris au sérieux cette tâche d'apprendre à vivre l’hospitalité, avec tous les efforts et bouleversements que cela comporte... à la suite de Jésus et en compagnie d'un grand saint, Jean de Dieu, et des religieux de l'Ordre qui porte son nom.
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